204 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE. de la maison Dukajini en lutte avec le pacha de Scutari. Ce pacha jaloux et mécontent de l’influence toujours grandissante de Kaplan Bey, s’efforça d’en arrêter l’essor en lui cherchant querelle et maltraitant les habitants de Croïa que leurs affaires amenaient à Scutari. Kaplan Bey fît en vain tout son possible pour apaiser un si dangereux ennemi, riches présents, intervention du bey de Cavaïa qui se trouvait être son parent, ne purent désarmer le pacha qui repoussa toute tentative de rapprochement. De part et d’autre d’horribles cruautés furent commises. Le pacha irrité marcha sur Croïa, mais fut défait par Kaplan ; peu après il revint assiéger Croïa. Le blocus dura un an et demi, n’ayant plus de boulets pour ses canons, Kaplan Bey réduit à faire fondre tous les objets de métal qu’il trouva dans le château et dans la ville, prolongea ainsi la résistance. La chronique rapporte que le dernier boulet pénétra dans la tente du pacha et défonça la poitrine de son neveu, habile guerrier très aimé des soldats. Pendant que le gouverneur de Scutari, furieux, se préparait à livrer l’assaut général, Kaplan Bey, à la tête de ses partisans, fit une sortie et réussit à repousser les assiégeants qu’il poursuivit jusque sous les murailles d’Alessio. Son allié de Cavaïa, Chassivar Pacha était mort depuis un an, laissant un fils. Ibrahim Bey, qui avait pour femme la propre fille de Kaplan Bey qui, s’autorisant de sa parenté, lui demanda des secours pour continuer la guerre. Tout en étant son gendre, Ibrahim Bey se trouvait par sa mère neveu du pacha de Scutari. Parent des deux adversaires, sa situation était délicate, il demanda à rester neutre, sympathique en secret à la cause de son oncle, pour lequel Ioussouff, bey de Dibra avait de son côté pris parti. Cette triple alliance