LES DERVICHES BEGTASCH1S. 247 sent dans leurs tékés, au lieu de l’invocation : « La illahé il allait Mohammed ressoul allah », ils disent : « La illalié il allait, Mohammed Ali veli allah ». Tels sont les renseignements que j'ai pu recueillir sur les begtaschis de Croïa ; on m’affirme (pie certains d’entre eux croient à la métempsycose. Ainsi que je l’ai dit, presque toute la population de Tirana et de Croïa appartient à la secte. Il semble étrange que dans cette dernière ville, dont j’ai rapporté la lutte héroïque pour sa foi, on ne trouve pas un seul catholique : par intérêt ou par peur tous les survivants avaient embrassé le mahométisme. Ces conversions forcées ne pouvaient être sincères et je crois que c’est la meilleure explication de la facilité avec laquelle les gens de Croïa ont accueilli les préceptes d’iïadgi Beg-tasch ; c’était une sorte de protestation contre la religion qui leur était imposée par la force. Il y eutuneépoqueoù l’influence des begtaschis fut grande, l’esprit de la secte s’était étendu à l’armée et aux dignitaires de l’empire. A en croire l’historien Hammer *, IJadji Begtasch donna lui-même leur coiffure aux janissaires, ainsi que leur système de recrutement. Les enfants chrétiens volés et circoncis avant d’entrer au service, passaient plusieurs années à l’école, instruits par des begtaschis ; eux-mêmes le devenaient. Le corps des janissaires était sous la protection de Hadji Begtasch. Us portaient écrite sur le bras gauche la fameuse exclamation de la secte « Ya Ali ». Au commencement du siècle, le corps était en partie formé de begtaschis de Croïa, de la Toscane et de Koniah. Au lieu de Tabor Imam (Hodja du 1. Tome I, page 123.