LA FAMILLE TOPTAN. — FONDATION DE TIRANA. 211 était ouverte, il lisait; il tomba frappé de deux balles. Les familles des meurtriers existent encore et sont dans la plus profonde misère. Ces deux meurtres provoquèrent un lel mécontentement parmi la population de Croïa qui appartenait presque toute à la secte, que lvaplan Pacha prit le parti de résider à Tirana. Informé qu’un de ses gendres, Ibrahim Bey de Cavaïa qui était begtaschi, avait parlé de venger la mort du scheik, il l’invita chez lui, et, sans égard pour leur parenté et les lois de l’hospitalité, le fit emprisonner dans la forteresse de Croïa et s’empara d’une partie de ses biens. Cependant sa fille, qui se trouvait à Cavaïa, lui dépêcha son kiaïa (intendant) sous le prétexte d’intercéder en faveur de son mari. Au cours de l’entretien, l’envoyé sortit de sa poche une riche tabatière à double fond, l’ouvrit et se bourrant le nez de tabac, poussa un soupir de satisfaction qui fut remarqué par Kaplan Pacha, grand amateur lui-même. «Voussemblez avoir du bon tabac. » «—-Je ne pense pas qu’on en puisse trouver de meilleur, répondit l’intendant, votre seigneurie daignerait-elle en prendre?» et retournant adroitement sa tabatière il offrit le compartiment qui renfermait du tabac empoisonné. Il quittait à peine le château que le Pacha, pris de vomissements et de douleurs de tête horribles, expirait dans la nuit (1816). Le lendemain à l’aube, avant que personne n’en sût rien, un char traîné par deux buffles le portait dans le lieu où il devait se reposer de sa sombre et agitée existence. Son fils, Abdul Rahman Bey, devenu chef de la maison, voulut venger son père, il ordonna de ravager Cavaïa et de mettre à mort Ibraliim Bey, qui parvint à s’échapper et demanda protection au gouverneur de Scutari, qui con-