212 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBAN1E. sentit à marcher avec lui sur Tirana. La lutte dura cinq mois, la ville en sortit à moitié ruinée, les partisans des Toptan furent en partie massacrés et leur château détruit par le t'eu. Malgré tant de revers, Abdul Rahman Bey ne se décourageait pas, il continuait à résister. Il réussit à faire passer dans Croïa les femmes et les enfants, et comme les secours qu’il attendait ne lui parvenaient pas, il se réfugia à Matia. Ce qui restait du château fut occupé par les gens de Scu-tari dont le gouverneur laissa comme administrateur un de ses parents, Hadji Etliem Bey de Mouletia qui prit la direction de ces vastes domaines. Il ne jouit pas longtemps de cette situation, il avait à peine, en 1820, achevé la mosquée qui porte son nom, qu’Abdul Bahman Bey, avec l’aide des partisans qu’il avait pu réunir, le chassa à Tirana et rentra en possession de son patrimoine. La lutte avec Scutari et Cavaïa se prolongea encore quelques années sans résultat. Le gouverneur de Scutari ayant été déclaré firmanli (condamné à mort) par le sultan Mahmoud, Abdul Rahman Bey se joignit avec les siens aux troupes impériales qui assiégeaient Scutari et mirent fin à la dynastie des Pachas indigènes. Quant à Ibrahim Bey de Cavaïa, arrêté par ordre du Sultan, ses biens furent confisqués, ses fils reçoivent encore sur la cassette impériale 3000piastres par mois', lui-même fut envoyé en exil à Koutava en Anatolie ; il était parvenu à s’échapper et allait s’embarquer, quand il mourut en quelques heures, on croit qu’il fut empoisonné2. 1. Environ 7000 francs par an. 2. Dans l’Istoria di Giorgio Castriotto, detto Scander Bey, di Giammaria Biemmif, j’ai relevé un témoignage en faveur de l’origine de la famille et