LA FAMILLE TOPTAN. — FONDATION DE TIRANA. 207 ment d’une ville qu’il nomma Téhran en souvenir d’une victoire qu’il avait remportée en Perse ; telle est l’origine de cette ville dont le nom s’est peu à peu, par corruption, transformé en Tiran chez les Turcs et Tirana chez, les Albanais, et telles sont les causes qui y amenèrent les Bar-kine de Mouletia. N’avant plus rien à appréhender pour les siens et pour les destinées de sa fondation, Souleyman Pacha reprit le chemin de la Perse où se continuait la guerre ; blessé dans un combat, il fut transporté à Bagdad où il mourut. Suivant ses ordres, son corps fut embaumé et transporté à Tirana. Son cœur est à Bagdad dans un turbé où se lit l’inscription suivante : « Ici est déposé le cœur du brave et généreux Bar-kine Zadé Souleyman Pacha. » Son corps se trouve à Tirana dans le turbé situé à côté de la mosquée connue sous le nom de Esky Djami (la vieille mosquée). Ahmed Pacha son fils éleva le minaret et une fontaine ; Ahmed Pacha, petit-fils de ce dernier et lils d’ibra-him Pacha, fit creuser un canal destiné à alimenter d’eau la ville et à arroser la campagne environnante. Il entoura sa résidence Koula é guiat (le long château) de murailles qui n’avaient pas moins de douze pieds d’épaisseur sur 20 de hauteur ; au centre, disposition que j’avais déjà vue à Orosch dans les ruines de la résidence de la famille Bib Doda, s’élevait une haute tour destinée à servir de refuge en cas de guerre. Cette imposante demeure fut plus tard détruite, pendant les luttes dont on lira plus loin le récit, ses grilles en fer travaillé ornent actuellement les fenêtres de l’ancienne mosquée ; il ne reste plus que les ruines de la porte principale et un cachot souterrain. Ahmed Pacha était doux, malgré sa force prodigieuse ;