188 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE. ment; la partie de l’habitation qui leur est affectée contient de fort beaux jardins dans lesquels elles se promènent; parfois aussi elles vont passer quelques semaines dans leurs terres. Elles reçoivent beaucoup et sont rarement seules, car les frères et leurs familles vivent dans la même maison. Le costume national des Beys est également fort élégant, on y sent le voisinage de l’Epire, il est plus semblable au costume grec. Malgré la diminution de la fortune, par suite des partages, de l’absence de débouchés qui ne leur permet pas d’augmenter le rendement de leurs magnifiques propriétés, mon aimable hôte et quelques-uns de ses parents mènent encore la plus large et la plus fastueuse existence ; aussi l’influence de ces maisons est-elle grande. Leurs chefs rendent tant de services qu’ils ont de nombreux clients. Au moyen âge on comptait par lances, aujourd’hui à Tirana 011 dit, telle maison est forte de 300, de 500 fusils. Sur un appel du Bey, à la moindre apparence de nécessité, tous ses amis accourent en armes chez lui, prêts à le soutenir. Parfois, trop souvent même, des querelles surgissent entre ces grandes familles et prennent un tel caractère de gravité que les boutiques du bazar se ferment à cause des dangers de la lutte qui souvent descend dans la rue. Quand un de ces riches beys, qui, du reste, sortent généralement escortés d’hommes armés, traverse le Bazar, le travail cesse immédiatement dans la rue par laquelle il passe : ouvriers et patrons se lèvent et se tiennentrespectueusement devant la porte du magasin afin de le saluer. La veille de mon arrivée, un jeune bey appartenant à la famille des Toptan et parent de FuadBey, assis dans un magasin, tombait frappé d’une balle de revolver qu’un cousin