LES MIROITES. ICI Au mois d’octobre se célèbre avec grande pompe la fête de Notre-Dame de Bon Conseil, la patronne de l’Albanie, dont j’ai précédemment rapporté la légende. Des montagnes les plus distantes, à trois et quatre jours de marche, on accourt en foule pour assister à cette solennité religieuse, la plupart des montagnards reçoivent ce jour-là l’hospitalité dans les maisons de la ville. La veille de cette fête, un montagnard de Planti qui se rendait au salut, aperçut dans la foule un autre montagnard appartenant à la forte tribu de Skréli et parent de deux montagnards qui avaient assassiné un des siens. Il le suivit patiemment, se dissimulant dans la multitude des fidèles et parvint à l’approcher au moment où il pénétrait dans la cour de la cathédrale ; n’osant le tuer dans cette enceinte d’où il n’aurait peut-être pas pu s’échapper, il attendit dans la rue ; le jour était à son déclin, au moment de la sortie, ayant pu se faufiler derrière lui, il lui tira deux coups de revolver dans la tête ; de bas en haut afin, dit-il ensuite, de ne pas blesser quelqu’un en tirant plus bas. La première balle sortit par la bouche et comme instinctivement il portait la main à son revolver, le second projectile traversait le crâne sortant par l’œil, il tomba foudroyé. Son meurtrier, au milieu de la stupeur de tous, s’écria: « J’ai repris le sang qui m’était dû » et s’enfuit. J’arrivais à ce moment, la victime gisait à terre; de toutes parts les montagnards accouraient pour voir si ce jeune homme étendu dans la rue, près du mur de l’église, n’était pas un des leurs dont la mort les mettant eux-mêmes en sang, allait les placer dans la nécessité de s’enfuir ou de le venger; bientôt il est reconnu à son costume, ils s’éloignent en criant : « Qui est de Skréli. qu’il aille voir à la cathé- 11