LES DERVICHES BEGTASCHIS. 243 Les habitants de Croïa, qui sont presque tous begtaschis, doivent, au moins une fois l’an, visiter la grotte. Ils y mon-tentalors dans l’après-midi, y passent la nuit, l’eau-de-vie ne fait pas défaut, des salves de coups de fusil saluent le lever du soleil, ils y restent vingt-quatre heures. Le mercredi est le jour réservé aux femmes. Baba Ali. Il y a environ quatre siècles, arrivait à Croïa un pauvre derviche du nom de Baba Ali, originaire de Khorassan en Perse; il s’installa dans la partie basse de la ville, dans l’endroit où se trouve actuellement son téké; avec quatre planches en bois de cyprès, il se lit un abri dans lequel il vécut d’aumônes, aimé de tous à cause du bien qu’il faisait et des sages avis qu’il donnait à ceux qui le consultaient. Un soir, il dit aux humbles qui venaient le visiter : « Mes enfants, je partirai pour un long voyage. » Le lendemain, en se rendant aux champs, ils furent tout surpris d’apercevoir un magnifique cyprès sur l’endroit où le vieillard avait établi sa cabane, les quatre planches s’étaient pendant la nuit transformées en un bel arbre. Comme le derviche, pour mourir, était sorti de son abri, ils prirent son corps, l’enterrèrent à côté et bâtirent un turbé pour perpétuer son souvenir. Bali E/fendi. Bali Effendi était également natif de Khorassan, il vint s’établira Croïa après la prise de la ville par les musulmans. Rencontrant un jour un homme conduisant un cheval chargé de vin, il lui demanda ce qu’il transportait ainsi.