SCUTARI. 21 classée par une commission composée de notables et ses habitants, ne peuvent, sous peine d’amende, modifier la hauteur et le genre des broderies auxquels leur rang leur donne droit. La mode, ce ruineux tyran, est cho se inconnue en Albanie. Quelques Albanais chrétiens ayant été à l’étranger, continuent à porter le costume européen et le fez, coiffure obligatoire pour tous les sujets turcs, mais c’est au grand déplaisir de leurs femmes qui ne dissimulent pas qu’elles les trouvent ridicules. Tous les autres sont uniformément vêtus de la petite veste rouge sans manches, à broderies noires, d’un gilet à manches en soie rouge ou violette rayée de blanc, d’un autre gilet à broderies noires, de larges pantalons en lustrine noire serrés aux genoux et de bas de coton blanc ; la petite calotte rouge à gros gland bleu ou le fez complètent ce costume aussi laid qu’incommode. Inutile de dire qu’après le coucher du soleil, le quartier catholique est encore plus silencieusement désert que le quartier musulman. Hien à voir dans la rue principale, des officiers turcs y promènent leur ennui, les soldats leurs haillons, rien n’esl plus banal et si on n’y avait la possibilité de voir de temps à autre passer des gens de la montagne, il faudrait se hâter de la fuir.