LES MIRDITES. 171 un emploi de chef des montagnes, poste toujours confié à un musulman, de même que celui de chef de chaque montagne ; la réunion de ces chefs sous la présidence du chef suprême constitue le conseil des montagnes ou Djubal, qui connaît des questions importantes intéressant les diverses bannières. Les Mirdites ne relèvent pas de ce conseil. Ils ont un chef qui dans le principe s’appelait capitan ; titre qui a été peu à peu remplacé par celui plus pompeux de prince. Cette quasi-souveraineté était héréditaire et aujourd’hui encore, en l’absence de leur chef, depuis quatorze années exilé en Asie Mineure, la.Sublime Porte, afin de ne pas déroger à la coutume locale, a désigné pour le remplacer celui qui serait appelé à lui succéder dans le cas ou il disparaîtrait sans laisser d’héritier mâle. La forme de leur gouvernement est une république aristocratique, dont le chef ne peut prendre aucune décision sans le consentement du conseil des anciens. La famille dans laquelle s’est jusqu’à ce jour transmise la dignité dechef de la Mirditie, prétend descendre des Dukagini, anciens princes de l’Albanie, sans pouvoir cependant en fournir la preuve. Parmi ces populations sauvages de la Guégarie, elle a encore la plus tragique et la plus sanglante histoire, elle semble marquée par la fatalité. Un de mes prédécesseurs en a sommairement retracé les dramatiques commencements1. Plusieurs écrivains ont rapporté que l’usage voulait que le chef des Mirdites ne prit pour épouse qu’une jeune fille musulmane enlevée par lui de chez ses parents2. Cette assertion n’est pas plus exacte que celle qui représentait les 1. Ilecquard, Histoire de l'Albanie. 2. Fanshaw, Bescarches in the hirjlands of TurTtey.