LA FAMILLE TOPTAN. — FONDATION DE TIRANA. 199 et le massacre des habitants, l’importante et somptueuse maison des Thopia, où avait autrefois habité Scan-derbeg, se désignait une des premières à la cupidité des pillards. Parmi ceux qui dévalisaient la riche demeure, dont les habitants avaient disparu, se trouvaient deux janissaires originaires l’un d’Anatolie, l’autre d’Ochrida en Albanie. Inutilement ils avaient parcouru les chambres du palais, tout avait déjà été enlevé, ils allaient se retirer, quand des cris d’enfant se firent entendre, paraissant sortir du plafond. A l’aide d’une échelle, ils découvrirent une trappe donnant accès dans un grenier où ils trouvèrent des femmes en pleurs autour d’un berceau ; pendant que l’Anatoliote cherchait les trésors qu’il supposait avoir été apportés dans cet endroit, son compagnon s’approcha du groupe des femmes effrayées et ayant remarqué au cou de celle qui couvrait le berceau de son corps un collier d’or, il s’en empara. Cette femme était la sœur de Scanderbeg. l’épouse de Thanos Musaché Thopia, l’enfant était leur troisième fils. Le janissaire d’Anatolie revenant les mains vides, tourna sa rage contre ces malheureuses créatures, il précipita par la trappe la femme de Thopia dont le corps alla se briser sur les dalles de la salle et s’apprêtait à en agir de même avec l’enfant lorsque son compagnon, pris de pitié, l’arrêta et lui offrit le collier d’or en échange de son innocente victime. De retour à Rahitza, près d’Ochrida, l’Albanais donna à cet enfant le nom d’Ali et le fit élever dans la religion musulmane. Ali grandissait, turbulent, toujours en lutte avec ses camarades qui l’appelaient chrétien bâtard, infidèle, à cause d’un tatouage qu’il portait sur l’avant-bras, repré-