IX DE SCUTARlA OROSCH. Quatre heures du matin, les chevaux piétinent dans la cour du Consulat, pendant que les cawass, alourdis de sommeil, arriment lentement sur les bâts le peu de provisions et les bagages qu’on emportera; le jour commence, une lumière opaline qui fait si charmante les matinées orientales. Nous sommes prêts, plus rapidement qu’il n'est d’usage dans cette contrée où le temps n’a aucune valeur ; il est vrai que l’excursion offre un certain attrait de curiosité ; même pour les habitants de Scutari, un voyage en Mirditie est chose peu banale. Difficultés de route, sauvagerie soupçonneuse des habitants de cette tribu, danger de mauvaises rencontres quand on n’y pénètre pas sous la sauvegarde (Bessa) d’une personnalité connue dans la montagne, impossibilité d’être assuré de la protection de l’autorité turque, si quelque accident survenait, sont autant de raisons qui font en ville déconseiller cette excursion à qui la veut entreprendre. Parmi ces différents obstacles, les difficultés de la route étaient le seul qui fût de nature à me préoccuper, la France avait rendu trop de services à cette tribu catholique pour qu’un de ses agents y fût exposé au moindre ennui. Sous