LES MHID1TES. hommes restaient enfermés de crainte d’être assassinés, seules les femmes travaillaient dans les champs. La vie devient parfois si difficile, qu’il se conclut alors entre les clans ennemis d’étranges conventions. On décide, par exemple, que sur certaines routes, les meurtres et les vols seront interdits du lever au coucher du soleil; que les gardiens de troupeaux ne seront pas attaqués; qu’on n’in-quièterapas ceux qui, pendant la nuit, voudront arroser leurs plantations, à la condition, toutefois, qu’ils seront porteurs d’une lanterne allumée. Quand une roule est sous hessa (parole) le risque d’être assassiné est beaucoup moindre, car dans ce cas, la peine est triple, quelquefois quadruple, pour le meurtrier, sa famille ou son clan, qui doivent alors trois ou quatre sangs. Ces ententes, qui varient suivant les besoins locaux, sont la meilleure preuve de la perturbation que l’esprit de vengeance apporte dans l’existence de cette population. S. E. Abdul Khérim Pacha, gouverneur général de Scutari, a pu obtenir d’un certain nombre de tribus, l’engagement que parmi elles, le sang ne serait dû que par celui qui l’aurait versé et que les autres mâles de la famille ainsi que ses parents ne seraient pas inquiétés dans le cas où ils cesseraient d’habiter avec lui après le meurtre. Cette promesse n’est pas encore très scrupuleusement observée, elle a néanmoins amené une certaine détente. Les Mirdites ont refusé d’adhérer à cet engagement. Ils considèrent comme une honte de laisser les autorités régler pacifiquement leurs vengeances. Ils préfèrent refuser de se plaindre et se venger. Tous les dix ans à peu près, la situation est tellement tendue, que le Gouvernement Impérial ordonne une pacification générale, une commission est instituée à cet effet,