CROIA. entourer le tronc, offre une particularité curieuse; à quelques mètres du sol, retombent quatre branches larges et plates semblables à quatre énormes planches grossières venant s’arc-bouter sur son tronc. Il n’a plus la forme d’un cyprès, ses branches et son feuillage sont bizarrement déchiquetés, il a deux têtes. Un peu plus loin, on me fait voir une grotte dans laquelle, après y avoir vécu durant quarante années, un pieux derviche du nom de Hadji Hamza Baba, a été enterré ; chaque jour on dépose pour lui, comme on le faisait de son vivant, à l’entrée de la grotte du pain et quelques légumes qu’il vient, m’assure-t-on, manger pendant -la nuit; je ne cherche pas à approfondir ce miracle de chaque nuit, le défunt a fait beaucoup de bien durant sa vie, je pars convaincu qu’il en fait encore aujourd’hui après sa mort à quelques voisins affamés ou peu scrupuleux; c’est un bon saint et je dépose à travers la grille mon aumône dans le tronc qu’on a mis à côté. La nomenclature des derviches célèbres enterrés à Croïa serait longue, je n’ai malheureusement pas pu visiter tous leurs turbés, le mauvais temps s’y opposait; ce n’est qu’en courant que je puis voir les ruines imposantes des sépultures des Toptan1, les ancêtres de Fuad Bey. J’aurais aimé prolonger mon séjour dans cette intéressante petite cité, dont le Caïmacam Omer Lutfi Bey, m’avait accueilli de la façon la plus aimable et la plus somptueuse; j’aurais voulu faire l’ascension de la montagne, pour visiter le célèbre téké de Sari Sal Sadik2, la pluie ne l’a pas permis, les lourdes nuées grises qui depuis deux jours flottaient au 1. Voir précédent chapitre. 2. Voir le récit de sa vie dans le suivant chapitre.