LES DERVICHES BEGTASCHIS. 235 essuya une impureté avec une toile, qu’elle alla aussitôt cacher dans le creux d’un arbre. Des voisins qui l’avaient aperçue, désireux de connaître ce qu’elle avait dissimulé, coururent vers l’arbre; au moment où ils avançaient la tète dans la direction du trou, l’impureté qui se trouvait sur le linge prit la forme d’un lièvre (pii leur sauta à la figure et s’enfuit, la toile était sans tache. Dans une communauté de derviches, le chef prend le nom de baba. On a dit que les begtaschis devaient obéir passivement à leurs chefs, il ne semble pas en être ainsi, à Croïa du moins; dernièrement, à la mort de Baba Husséin, deux derviches, Hadji et Sefer, se disputèrent sa succession ; les habitants désignèrent le premier pour le Babalik1 et le grand scheik de Pirew confirma l’élection. En communauté, ils ne paraissent pas liés au baba par un serment d’obéissance bien rigoureux ; les begtaschis isolés ne relèvent que de leur conscience. Les babas doivent laisser croître leur barbe ; on leur baise le creux de la main, ils ne peuvent être mariés. Les derviches qui ont renoncé au mariage portent un pendant d’oreille en métal. Les autres peuvent à leur gré conserver leur barbe et se marier, ils ont leur maison dehors, alors que les célibataires habitent dans le téké. Tous sont coiffés du haut et lourd bonnet blanc (koulah) qui, suivantles prescriptionsd’Hadji Begtasch, adouze côtes verticales en souvenir des douze Imams ; le cordon horizontal a été ajouté en souvenir de l’imam Djafer Sadik. Les babas portent sur la poitrine, six à droite, six à gauche, douze boutons appelés DurindjiefF, toujours à cause des 1. Fonctions de chef. I