LA CITADELLE DE SCUTARI. défense a été immortalisée dans un tableau de Paul Véronèse qui orne la salle du grand conseil à Venise et porte la légende suivante : Scodra, bellico omni apparatu diu vehemen-terque a Turco oppugnata, accerrima propugnatione retinetur. L’insuccès de son pacha n’était pas pour décourager le conquérant de Constantinople. Dans les premiers jours du mois de juin 1478, Daoud Pacha gravit le sommet de la montagne de Saint-Marc d’où il reconnut la ville et aussitôt il fit passer sur un pont qu’il venait de jeter sur la Boïana1 20 000 cavaliers qui saccagèrent les environs. Le 8 juin, Mustapha, beilerbey d’Anatolie, vint à la tête de 30000 hommes camper sur le Urinas (Drilos, Drilus de Pline, Clausulus de Tacite) et envoya 16 000 hommes sur les hauteurs, appelées Scodra supérieur. Le 15 juin arrivèrent 4000 janissaires, avant-garde du Sultan. Le 18, passant le pont jeté sur le Drinas, l’armée occupa la plaine de Oblica, qui s’étend au-delà de la Boïana. Sur le refus de Antonio di Lezze, de rendre la ville, les Turcs construisirent sur la plaine dite Catilina, située en face de la ville, deux galères destinées à fermer le passage aux Albanais dont la flottille descendait chaque jour du lac dans la rivière et causait de grands dommages aux Turcs occupés des travaux de siège. Dix mille chameaux avaient apporté des munitions et des canons qui furent déchargés derrière la montagne des Pachas, près du torrent Chiro. Le feu commença le 22 juin, le premier jour on ne tira 1. L’établissemeni d’un pont sur la Boïana, si son cours n’a pas été modifié et rien ne l’indique, est inexplicable. Les troupes du Grand Seigneur ne pouvaient arriver par cette partie de l’Albanie, car elles ne s’étaient pas emparées des villes importantes situées sur la rive droite du fleuve, elles arrivaient du sud par Elbassan-Groïa.