6 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBAN1E. direction de lskender Bey, connu sous le nom de Scander beg, est trop connue pour qu’il soit besoin d’en refaire le récit. Ce fut pour le pays une glorieuse mais infructueuse épopée, les victoires des Albanais étaient, hélas, de celles qui épuisent. Après la mort de celui qu’on appelle encore le Lion Albanais, ses domaines comprenant Croïa et son territoire furent cédés par son tils à la Sérénissime République qui, en 1479, les livra avec Scutari au vainqueur de Constantinople. Si à partir de cette époque, la Haute-Albanie n’occupe plus l’histoire, la population n’en a pas été plus heureuse, les habitants des montagnes luttaient entre eux, pour la vie, et ne descendaient que rarement, sachant à quels dangers ils étaient exposés; ceux de la plaine constituaient le troupeau (en turc Biaya, vulgairement Raïa) des sujets tributaires, taillables et corvéables à merci, d’abord par les spahis auxquels les sultans accordaient des fiefs en récompense de leurs services, puis par les Pachas indigènes et les beys, dont la puissance à peu près sans limites, il n’y a guère encore plus d’un demi-siècle, fut souvent une cause de trouble et d’inquiétudes pour la Sublime Porte à laquelle ils refusaient d’obéir et qui dut les réduire par la force, pour le plus grand dommage de la population placée entre deux maîtres également dangereux, mais ce n’étaient plus que luttes mesquines d’ambition, passant inaperçues de l’Europe pour laquelle elles étaient sans intérêt.