DE SCUTARI A OROSCH. 127 l’excellent Don Antonio dont la nièce et la sœur ont consenti à se laisser photographier, je donne le signal du départ. De San Giorgio à Orosch, le sentier est continuellement à mi-côte ou sur le sommet des montagnes ; nous pénétrons presque immédiatement dans la partie boisée que nous ne quitterons qu’à de rares intervalles; chênes et ormes prédominent, peu de frênes et de châtaigniers de ce côté, les arbres sont magnifiques car ces forêts n’ont jamais été exploitées; il n’y a aucune route terrestre ou fluviale, pour acheminer les bois vers la ville. Peu de temps s’est écoulé depuis notre départ de San Giorgio etnous devons descendre de cheval, c’est un de ces mauvais passages dont plus d’un se trouvera désormais sur notre route, le sentier, à peine frayé à mi-côte, à cinq ou six cents mètres de hauteur, tracé dans une terre rouge sans tenue, est coupé par une rigole formée par les pluies et la fonte des neiges ; il n’y a pas de place pour mettre pied à terre, il faut rester sur la déclivité et enjamber la partie ravinée ; un peu plus loin il faudra recommencer la même manœuvre sur une partie rocheuse et rendue glissante par le voisinage d’une source. L’instinct et la prudence des chevaux sont admirables, ils sont d’une race à part, ils passent. Les Albanais appellent leur pays Skyperia (Pays de l’aigle) et eux-mêmes Skypétars (fils de l’aigle), je trouve qu’ils ont raison et regrette plus d’une fois, sur la route, de ne pas être emplumé. On me dit que le gouverneur général, il y a trois ans, passant avec ses troupes par ce sentier, y a perdu plu- 1. Je n’avais pas achevé le classement de ces notes, que la mort frappait subitement cet homme aimable, que je ne devais plus revoir.