280 SOUVENIRS DE LA HAUTE-ALBANIE. mérite d’une absolue exactitude, au point de vue des costumes nationaux. Exhibées, expliquées et commentées après un sermon, elles constituent un incomparable moyen d’action ; tel individu qui a commis plus d’un meurtre, tremble et pleure, en voyant se dresser devant lui les conséquences futures de sa vie. Les RR. PP. de la Société de Jésus ont en ville un séminaire renfermant une trentaine d’élèves destinés à entrer dans le clergé national, l’instruction qu’on y reçoit est suffisamment soignée ; indépendamment de l’albanais et du latin tous parlent et écrivent l’italien ; peu à peu certainement, la dispersion de ces prêtres dans les montagnes aura pour conséquence d’adoucir les mœurs. Le seul reproche, qu’on pourrait adresser aux RR. PP., est de les garder toujours à Scutari où ils font toutes les études qui précèdent leur ordination ; il eût été je le crois préférable, de les dépayser un peu, au moins durant quelques années, en leur faisant achever leurs études dans quelque maison de l’Ordre en Italie; ils seraient restés moins Albanais et, à leur retour dans le pays, plus froissés delà sauvagerie de leurs ouailles, ils auraient probablement apporté plus d’énergie dans leurs efforts pour réformer des mœurs dont ils auraient perdu l’habitude et qui devraient leur inspirer une véritable horreur. Ce n’a jamais été sans surprise, que j’ai entendu des prêtres parler sans réprobation de ces questions de sang qui sont éternellement pendantes en Albanie et qu’ils semblaient considérer comme une chose naturelle. En temps de Carême, les PP. Jésuites sont dans l’habitude d’organiser des tournées de missionnaires dans les montagnes, ils font les plus louables efforts, mènent la plus pénible existence pour porter la bonne parole et arriver à pacifier