13 L'ACCUSATIF DANS LES LANGUES SLAVES 173 indice qui prouve une fois de plus que l’évolution s’est produite parallèlement et que les différentes fonctions se trouvent en interférence nous est donné par les syntagmes en accusatif, qu’on rencontre dans les langues indo-euro-péennes actuelles, y compris les langues slaves, où à grand-peine peut-on délimiter strictement, d’une part, les rapports complétifs de ceux circonstanciels, d’autre part, les rapports circonstanciels des rapports objectifs. § 16. Dans les langues slaves dès les premiers monuments écrits la plus large fréquence revenait à l’accusatif d’objet, suivi de l’accusatif d’espace, de temps, de l’accusatif complément du nom et de l’accusatif des locutions idiomatiques. Dans une moindre mesure se sont dévelopés l’accusatif de cause, de but, l’accusatif prédicatif et l’accusatif d’état. L’évolution de l’accusatif sans prépositions aboutit, dans les langues slaves, à sa spécialisation pour exprimer une fonction fondamentale, à savoir celle de complément d’objet direct. En même temps on assiste à la disparition ou à la restriction graduelle de ses fonctions circonstancielles ou bien aux deux phénomènes à la fois. Quelques uns-des sens primaires de l’accusatif se sont transférés aux autres cas obliqes. Car, sous le rapport quantitatif, les cas se développent à partir de deux initialement (le nominatif et l’accusatif) et même d’un seul, à sept ou bien à huit cas 1. Le peu d’exemples d’emploi de l’accusatif simple (sans préposition) désignant l’espace ne représente que des restes d’un état de choses archaïque, lorsque l’accusatif était utilisé pour exprimer des rapports spatiaux auprès des verbes de mouvement. En ce qui concerne les verbes de mouvement, il faut noter qu’ils cachent, dans leur sémantique, des propriétés particulières, qui provoquent des changements essentiels tant dans l’évolution des verbes-mêmes, que dans l’évolution du complément d’objet direct qui en dépend. Etant donné que, par leur sens, les verbes de mouvement gravitent vers le groupe des mots spatiaux, ils entrent très facilement en combinaison avec des noms accompagnés de prépositions locatives. C’est ainsi que se produit cette précision spatiale des rapports (ou bien des relations) exprimés dans les langues indo-européen-nes par des prépositions. Beaucoup de constructions casuelles, employées à l’origine pour désigner des rapports syntaxiques, ont été remplacées ultérieurement par des cas construits à l’aide de prépositions, ce qui a eu comme conséquence la manifestation des tendances analytiques dans la langue. Simultanément on observe aussi, dans toutes les langues indo-européennes, y compris les langues slaves, un processus contraire d’évolution vers des structures synthétiques. Il est vrai que dans une moindre mesure au lieu des constructions prépositionnelles, on emploie, aujourd’hui, l’accusatif simple, c’est-à-dire sans préposition. § 17. En ce qui concerne l’emploi de l’accusatif à côté d’un nom ou d’un verbe, il faut remarquer que l’évolution s’est produite de la manière suivante. Probablement, à l’époque indo-européenne commune, l’accusatif 1 Voir aussi la conception de F. Specht, Der Ursprung der indogermanischen Deklination, Götingen, 1944.