176 LUCIA DJAMO DIACONIJA 2 garov 1 et L. Miletií 2 ont eu des contributions importantes. Une place à part occupent les travaux du célèbre slavistant français André Mazon 3, qui étudia sur place tant la langue, que le folklore de cette population. Ses amples travaux, écrits avec une compétence particulière, peuvent servir d’exemple pour l’étude d’un dialecte. Le patois de ces deux bourgades, nommé par les habitants jeziko kaj nas „la langue (de ceux qui parlent) comme nous » 4, est utilisé par une population peu nombreuse, dont l’histoire est peu connue 5. Dans une copie tardive d’un vieux codex 6 (datant du XIXe siècle et précédant le Mémoire du maître d’école Dh. Canco) on trouve des renseignements intéressants sur l’histoire de la bourgade de Boboscica7, à partir de 15C5 — année de la construction de l’église de Saint Nicolas. Le codex consiste dans une énumération chronologique des principaux événements enregistrés dans les deux bourgades pendant les années 1505—1875. Le Mémoire du maître d’école Dh. Canco consacré à ses concitoyens qui luttaient de toutes leurs forces pour se racheter de l’imljak’ (droit de propriété féodale que s’était arrogé l’État Ottoman) est un document unique en son genre car, après avoir présenté les deux opinions — héritées par tradition orale — sur la fondation des bourgades, l’auteur évoque — parfois avec beaucoup de pathétisme — les événements des années 1849—1904. Dh. Canco relate les difficultés indescriptibles dans lesquelles se débattaient les villageois, leur lutte contre l’occupation turque et pour l’abolition du servage. 1 Ivan Snëgarov, Eduu ecmcen ôbAzapcKU doKy.ueum om Kophühcko, dans « Ma-KedoHCKU npezAed », IX-e année, I-er fasc., Sofia, 1934, p. 17—30. 2 L. M i 1 e t i £, Edno nucMO om Eoôouiuuiia (Kophühcko) do eKcapxa Aumuu I (1873 r). Hoe npuHOc KbM 6b/lzapcKama dua/ieKmoAozuH, dans «MaKedoncKU npezAed», IX-ème année, I-er fasc., Sofia, 1934, p. 17—30. 3 A. Mazon, Documents, contes et chanson slaves de l’Albanie du sud, „Bibliothèque d’Études Balkaniques", No. V, Paris, 1936; André Mazon et Maria Filipova-B a j r o v a, Documents slaves de l'Albanie de sud, II, Pièces complémentaires, „Bibliothèque d’Études Balkaniques“, No, VIII, Paris, 1965, (cité par la suite sous l’abréviation Documents). 4E. Petrovici et P. Neiesco relèvent un fait similaire chez les Istro-roumains qui appellent la langue parlée par eux po naUu, po na£e ou cum si noi (comme nous) (Persistance des îlots linguistiques. Constatations faites à l’occasion de nouvelles enquêtes dialectales chez les Istro-roumains, Mégléno-roumains et Aroumains, dans RRL, X, 1965, 4, p. 363, cité par la suite sous l’abrévation Persistance). 6 Voir aussi A. Mazon, Documents, I, p. 5—6. 6 Le texte du codex — en traduction française — a été publié intégralement par A. Mazon et Maria Filipova-Bajrova, dans Documents II, p. 12—55, ainsi que la réproduction photographique intégrale du texte grec d’après une copie dactylographiée (ibidem, p. 141-—181). 1 Pour le nom de la bourgade, voir aussi Iordan Zaimov, Au sujet du nom de lieu BoboStica, BoboStica, dans „Revue des Études slaves", t. 42, fasc. 1—4 p. 134—136.