278 PANDELE OLTEANU 6 Guerman était gouverneur et non pas copiste et le hiéromonaque Veniamin, le lettré que l’on rencontre vers la fin du XVe siècle, en Russie, était croate, dominicain, et non pas ukrainien. D’autres chercheurs roumains, qui ne sont guère slavistes et qui n’ont même pas vu ce manuscrit, estiment comme non fondée l’opinion que l’oeuvre Fiore di Virtk aurait été traduit en roumain. Ils considèrent qu’il faut entendre par langue valaque ou bogdanienne le slavon de Moldavie ou celui d’Ukraine et par « slovenski » — le slavon de rédaction russe. Ils ont même introduit cette opinion dans le Traité de l’His-toire de la Littérature Roumaine 1. N. Cartojan cependant soutenait l’existence de cette traduction d’après l’original italien, bien qu’à l’époque où il écrivait son excellent ouvrage Fiore di Virtù în literatura românâ (1928), le manuscrit contenant Floarea Darurilor (FdV) de la Bibliothèque Lénine de Moscou (n° 2748), ainsi que l’étude de M. Speranski ne lui fussent accessibles 2. Il ne pouvait savoir, par conséquent, qu’une autre ver sion, plus ancienne, conservée à Prague, était identique à celle de Moscou. I. Dans le ms. n° 2748, autrefois conservé dans la Bibliothèque Rumeantzov, actuellement à Moscou, dans la Bibliothèque V. I. Lénine, Fiore di Virtù occupe les feuillets 167—187, donc 39 pages, à 30 lignes par page, d’une écriture cursive, cyrillique, à fioritures, avec des lettres superposées et des abréviations, qui en rendent la lecture quelque peu difficile au chercheur peu habitué à la paléographie cyrillique du XVIIIe siècle, auquel remonte cette copie. En marge des pages qui comprennent le chapitre I — De l’Amour —-, les noms de tous les auteurs de maximes et pensées sont extraits en regard des citations respectives. Toujours en marge, sont indiqués aussi les noms des êtres qui évoquent une similitude avec la vertu ou le vice en question. Cela dénote une préoccupation d’ordre didactique-éducatif, fonction que cette oeuvre a constamment accomplie. Les matériaux sont partagés en 35 chapitres, comme dans les autres versions slavo-roumaines ou grecques. II. Cette version, traduite du roumain en 1592, a bénéficié d’une diffusion assez large. D'une note de P. I. Safarik, il ressort qu’il en existait des copies dès 1596. La note a été reproduite par O. M. Bodjanski 3. Il ne serait pas exclu qu’il s’agisse d’une erreur : avoir écrit 1596 au lieu de 1592, d’autant plus que personne d’autre ne connaisse de copie de 1596. III. Une autre copie complète, du XVIIe siècle, écrite en slavon-serbe, langue employée couramment aussi en Moldavie, est d’une valeur toute particulière. Cette version provient des archives de Safarik, du temps de son séjour à Novi-Sad, de 1819—1833. On y trouve aussi d’autres manuscrits des Pays Roumains et de Transylvanie, jusqu’à des actes de chancellerie de nos voïévodes. Il s’agit de plusieurs manuscrits de rédaction serbe et bulgare. Fiore di Virtù était compris dans un manuscrit portant 1 Istoria Lileraturii Romàne, I, Édit. de l’Acad. RSR, Bucarest, 1964, p. 493 où on affirme sans aucun fondement que la traduction a été faite au XV-e siècle. 2 II n’en était informé qu’indirectement. N. Cartojan, Fiore di Virtù în literatura romîneascâ, Académie Roumaine, Bucarest, 1928, p. 89—90. 3 N. I. Nadejdin, Pistma kb M. R. Pogodinu izb slavjanskich zemelb, II, Moscou, 1830, p. 445.