458 MARIA COMÇA 12 L’un des principaux caractères de la céramique des complexes slaves développés dans différentes régions européennes est constitué par les signes en relief, placés sur le fond des vases et généralement connus sous le nom de marques de potier. Dans certaines régions ces signes apparaissent plus rapidement, dès le VIIIe siècle, alors que dans d’autres régions ils se montrent plus tard au IXe, voire au Xe siècle. Nous avons montré dans une étude antérieure que la présence de ces signes sur des vases de haute époque féodale est en directe relation avec la pratique du métier du potier ; une bonne partie de ces marques sont nées durant le processus de cristalisation des relations féodales. Nous avons même essayé quelques explications en ce qui concerne leur origine *. Mais n’importe quelle serait leur signification dans le monde slave, l’origine de ces marques doit être cherchée toujours dans le monde romain. Des signes similaires, d’exécution identique à ceux de la céramique slave d’époque plus récente, ont été découvert dans le monde romain provincial de Pannonie et du Noricum, sur les pots d'usage commun d’origine celtique, ornés d’incisions, formant maintes fois des lignes horizontales et ondulées 2. C’est pourquoi nous opinons que par leur contact avec le monde romain provincial de ces régions les Slaves ont pris aussi en plus du tour du potier, des formes et des motifs décoratifs de la céramique, ces signes placés sur le fond des vases. Les signes en relief placés sur le fond des vases ont été diffusés de l’Ouest vers l’Est, en même temps que l’ornement de lignes ondulées et le tour du potier romain provincial, typique pour l’Europe centrale. Compte tenu de l’analyse que nous venons de faire ci-dessus, il convient de mentionner que par le contact des Slaves avec le monde romain provincial (contact qui s’est perpétré, comme nous l’avons vu, sur des vastes étendues) les traits généraux unitaires de la céramique slave (gradistna kera-mika ou Burgwallkeramik) de l’époque qui a précédé et de celle contemporaine à la formation des États trouvent en bonne partie leur explication. Dans le cadre de cette grande unité, il y a certainement toute une série d’aspects comportant les différences constatées entre des régions plus ou moins grandes. Mais ces différences s’expliquent en grande mesure par les traits distinctifs propres à la culture matérielle des provinces romaines danubiennes, auxquels s’associent d’autre part la tradition autochtone spécifique aux Slaves des différentes régions. Il faut y ajouter aussi d’autres facteurs d’ordre social, économique et politique 3. 1 M. Comça, O manemai lomapnbix KjieÜM pannecßeodaAbHOÜ 3noxu, in «Dada», N. S., V, 1961, p. 449—461. 2 H. Mitscha - Merheim, Bodenzeichen auf spätrömischen Tongefässen aus Mau-tern, N. Ö., in « Österreichische Zeitschrift für Kunst und Denkmalpflege », XVII, 1963. B. Svo-b o d a, op. cit., p. 107, a attiré lui aussi l’attention sur l’adoption par les Slaves des marques (estampilles) en relief du monde romain provincial du Moyen-Danube ainsi du reste que sur l’adoption de la céramique ornée de lignes ondulées. Il y a des signes en relief, exécutés de manière identique à ceux que l’on verra plus tard sur la céramique slave, dans le Sud-Ouest de la Pannonie, sur le fond des pots à décor incisé d’origine celtique mais datant de l’époque rpmaine. 3 Par exemple, dans le cadre des États slaves de haute époque féodale, grâce aux liens plus étroits d’ordre économique et politique, on arrive aussi à l’unification des traits généraux