434 TR. IONESCU-NIÇCOV 26 occuper selon la loi des emplois d’Etat, fussent-ils aussi bas »1. Du reste, pour ce qui est de la germanisation de la noblesse tchèque, même l’archéologue tchèque Jan Erazim Vocel nous en parle, lorsqu’il affirme que sous Venceslas I-er (936—967) 2 « la langue et les habitudes allemandes étant adoptées par la cour royale de Prague, une partie de la noblesse a commencé aussi à suivre la mode en germanisant le nom de leurs fiefs » 3. La conclusion de Hasdeu est on ne peut plus juste: étant donné que le « cyrillisme » — il faut entendre par là le slavisme — a agi pendant sept siècles sur le territoire roumain, par la mode, la loi, le clergé et les dignitaires, on peut dire que la slavisation y a été en fin de comptes insignifiante, par comparaison du processus de germanisation des tchèques où n’a agi—et encore par intermittences — qu’un seul des quatre éléments: la mode\ 4. On sait que l’un des arguments philologiques invoqués par les adversaires de la continuité des Roumains en Dacie, et tout premièrement par Roesler, était l’absence d’éléments gothiques dans le roumain. Le phénomène s’explique, dit Hasdeu, du fait que, les Roumains se sont développés «en Olténie jusque dans la vallée du Hateg » sans que jamais ils soient venus en contact avec les Goths ou les Gépides. En échange, et Safarik le constate aussi, les plus nombreaux éléments gothiques se trouvent dans le parler des slaves du sud du Danube5. C’est de cette région, des contrées de l’Olténie et de la vallée du Hateg, que les Roumains ont commencé dès le Vl-e siècle et le continuèrent jusqu’au XlX-e siècle, à émigrer dans différentes directions de la Dacie Trajane, jusqu’à atteindre à l’ouest la Moravie, ainsi que le constate aussi Jirecek 6. Enfin, touchant aussi à la question de ,,1’alphabet de la Dacie de Dece-nau » — comme il l’appelle — , Hasdeu se rapporte aussi aux lois tchèques, « écrites sur des planches — « deskv pravdodatne » — que mentionnent aussi une ancienne ballade tchèque sur le jugement de Liboucha.7 Malheureusement, autant l’alphabet de « Decenau » que la ballade comprise dans le Manuscrit de Krâlové Dvur, à laquelle nous renvoie Hasdeu, sont du domaine de la fantaisie. Les considérations de l’historien roumain portent aussi sur l’alphabet des Sicules, au sujet duquel „l’illustre Safarik» pensait que « les signes cyrilliques qu’il comprend avaient été empruntés aux Roumains, sans pouvoir néanmoins s’expliquer l’absence ultérieure de toute trace de cyrillique sicule »8. 1 Ibidem l.c. (Viktorin Kornel z e Wszehrd, 0 prdwiech a sudiech i o diskach zemé czeshé, Prague, 1841). 2 C’est une confusion de dates historiques: Vàclav I, fils de Premysl I, a régné entre 1230 et 1253. Au cours du X-e siècle, il n'existe pas de prince de ce nom au trône du pays, sauf Vàclav, tué par son frère Boleslav I en 929 qui le succéda jusqu’en 967. 3 B. P. Hasdeu, op. cit.. I.e. (Jan E. Wocel, Grundzüge der böhmischen Alter-thumskunde, Prague, 1845, p. 105). 4 Ibidem, p. 277 5 Ibidem, p. 305 (P. Safarik, Slovanské... p. 347 — 348). 6 Ibidem, p. 308 (K. Jireczek, Entstehen christlicher Reiche... p. 225). 7 B. P. Hasdeu, op. cit., vol. II, 1875, p. 27 (Rukopis zelenohorskÿ, édition Korzi- nek, p. 8). 9 Ibidem, p. 38 (P. Safarik, Slovanské... p. 609)