36 G. IVA.NESCU 6 du sous-dialecte transylvain proprement dit) n’existent pas dans le sous-dialecte des Cris ; à leur place, il y a des éléments latins ou des créations roumaines, et éventuellement des éléments d’origine hongroise. Tel est le cas de mots comme nisip, nâsip „sable”, par rapport à arinâ „sable”, de oglindâ „miroir” par rapport à cotâtoare „miroir”, de gunoi „ordure, balayure” par rapport kgoz, de perie „brosse” par rapport à chefe, du val. sticlâ „carafe”, mold. steclâ, par rapport à uiagâ. Certaines différences entre les sous-dialectes moldave et valaque, relevées par E. Petrovici et par certains de ses élèves, se retrouvent aussi dans les régions de l’autre côté des montagnes : tel val. vrâbete, vrâbet, vrabete „moineau” qui existe aussi au Banat, tandis que mold. vrabie est encore employé au Maramures, dans la Transylvanie et la Criçana. Dans les pages qui suivent nous étudierons quelques mots empruntés au vieux slave, mais qui ne se trouvent que dans les parlers du Banat et du Hateg, de la Crisana, et des Monts Apuseni, ainsi que du Maramures; la présence de ces éléments dans les régions de l’ouest de la Roumanie prouve que, dans ces régions, l’influence slave ancienne a revêtu un aspect sensiblement différent par rapport à la Valachie et à la Moldavie, régions dont le parler se trouve à la base de la langue littéraire moderne. § 4. Dans les parlers du Banat et du Hateg on trouve, comme de juste, un certain nombre de mots empruntés au vieux slave, qui se trouvent aussi dans les autres sous-dialectes daco-roumains, et qui revêtent dans le sous-dialecte de Banat et de Hateg un aspect phonétique ou sémantique identique ou modifié (ban. a apipiia, hateg. apipâia (litt. a pipai) „tâter”, hateg. arminden „arbre que l’on met à l’entrée, le jour de l’Arminden” (litt. „le premier mai”), hateg. bâzdnâ (litt. beznâ) „obscurité“, bibol (litt. bivol) „buffle”, clane (litt. claie) „meule de foin”, cleangâ (litt. creangâ) „branche, rameau”, etc.). Mais les parlers du Banat et du Hateg possèdent aussi un certain nombre d’éléments lexicaux vieux slaves qui apparaissent, tout au plus, dans quelques parlers voisins. Dans son oeuvre d’importance capitale pour la dialectologie roumaine, Graiul din Tara Hategului, Bucarest, 1915, p. 55—30, Ovid Densusianu enregistrait une série de mots que les parlers du Hateg ont empruntés au vieux slave et qui se retrouvent, pour la plupart, dans les parlers du Banat. Il est intéressant d’ajouter qu’une autre série de mots d’origine slave, ayant exactement la même diffusion territoriale, lui ont semblé être d’origine serbe ; nous croyons qu’en général il avait, cette fois encore, raison. C’est seulement pour quelques mots qu’il a indiqué comme étymon un mot vieux slave et un mot serbe, inclinant probablement vers la thèse d’une double origine, bulgare et serbe (c’est ce qu’il admet d’ailleurs dans Histoire de la langue roumaine, I, p. 361—369, pour quelques mots d’origine slave en roumain). Mais nous n’acceptons pas son opinion -— qui reprend d’ailleurs celle de Tiktin, R.-D.W., I, p. 145—146 — , d’après laquelle hateg. bal „blond“ s’expliquerait par v. si. bëfa. Ce mot vieux slave aurait dû donner bal dans la bouche des Roumains, et c’est d’ailleurs sous cette forme qu’on le retrouve sur le reste du territoire daco-roumain. Bal suppose une forme plus ancienne bel, qui existe en macédo-roumain, à côté de beal et, paraît-il, en daco-roumain aussi — cf. le nom de famille Belu ;