EMPRUNTS ANCIENS DU ROUMAIN AU SLAVE ET AU MAGYAR 2! 3. dr. colindâ « cantique de Noël», mr. colinda «la veille de Noël » (T. Pa-ahagi, D, 304, s. v.) : v. si. kolçda « Neujahrstag » (Aitzetmüller, 45, s. v.), g. kôleda «Weihnachtsfest» (Mladenov, 246, s. v.), s.-cr. kôleda «Weihnachts-'ed» (Vasmer W, I, 606) < lat. calendae (et non par le grec). V. nos remar-ues, avec indications bibliographiques, dans ML, 330. 4. dr. crâciun «la fête de Noël», mr. crâciun «Noël ; bûche de Noël» (T. Pa-jahagi, D, 308, s. v.) doit être expliqué, comme nous l’avons déjà montré, ar le lat. creationem (v. notre exposé, ML, 324—330), emprunté au latin bal--anique par le slave méridional (bg. kraôun « ein Tag um Weihnachten», lladenov, 256, s. v., Vasmer W, 633, s. v.), et passé ensuite en rou- ain. 5. dr. otet «vinaigre»: v. si. ocïtü (Aitzetmüller, 74, s. v., Mihâilâ, 62), g. ocet (Mladenov, 405, s. v.)<ar got. akeit, explication que Skok, Zs. Rom. Phil., XLVI, 1926, p. 394 onteste). 6. dr. rusalii « Pentecôte » (v. nos remarques, ML, 331) : v. si. rusalija * Pfingsten » (Aitzetmüller, 116, s. v.), bg. rusalka «être féminin mythique», .-cr. rùsâlje, rusalja < lat. rosalia « pascha rosata, rosarum» (Mladenov, 564, s. v., par le néo-grec, ou directement du latin, Vasmer W, II, 549). 7. dr. troian « fossé (avec pli de terrain), tranchée », bg, trojan (Vasmer W, III, 142, Petkanov, 1163), Trojan «ville au centre des Balkans», Tro-janski pat « roûte de Trajan », Trajano « roûte près de Sofia », Trajanov drum «roûte de Trajan, en Thrace occidentale » < lat. Trajanus. V. notre exposé, avec indications bibliographiques, ML, 331. III. Emprunts au magyar, par l’intermédiaire du slave méridional. 1. Nous avons expliqué le traitement par î (< a) de dr. gînd «pensée, imagination, intention » < mag. gond (attesté à partir du XV-e s.), par intermédiaire slave, mag. o -f n ayant subi le même traitement que v. si. q : a > î (v. notre exposé dans ILR, III5, 46). Il faut cependant tenir compte du fait que, à part ce mot, il y en a aussi d’autres, ainsi dr. dîmb «colline» < mag.. domb, et, comme l’a indiqué avec justesse L. Tamâs (W, 298—299 et 386—387),. d’autres mots roumains d’origine magyare avec l’hésitation entre u-î (< mag. o + «, m) : dr. bolund, bolînd < mag. bolond, dorungâ, dorîngâ < mag. dorong,. golumb, golîmb < mag. galamb. Ceci prouve que Yç magyar, suivi d’une nasale, a été traité en roumain de la même manière que Yq slave. Il se peut, donc, que dr. dîmb et gînd aient pénétré en roumain par l’intermédiaire du slave : gînd est général, en dacoroumain, et dîmb est signalé en Transylvanie et dans la moitié septentrionale de la Moldavie (répartition territoriale attendue, pour un mot d’origine magyare ; la Valachie et la Dobrogea connaisent des termes tels que movilâ etc.) 1. Mais les autres mots cités ci-dessus, qui sont signalés seulement dans les parlers roumains de la Transylvanie, mettent en doute cette explication et font pencher la balance pour un emprunt direct au magyar. 1 V. Atlasul lingvistic român, serie nouà, vol. III, Bucureçti, 1961, carte 809.