51 L’INFLUENCE ROUMAINE SUR LES LANGUES SLAVES 109 au s’exprime par au, av : roum. gaurâ — mor. gaur, gaura ; ukr. gdvra, pol. gawra et gara (disparition de l’élément non-syllabique) ; la diphtongue roumaine au répond à éi, ai, ev, ov : roum. haidâu — ukr. hajdéï, pol. hajdaj roum. bâtâlâu — ukr. bataléï, batalev ; roum. halâu — bg. alov ; la diphtongue iu se retrouve en ukr. par -ev : roum. anteriu — ukr. anterev. 16. La diphtongue ie (final) apparaît en ukr. comme ja dans le mot gutéja — roum. gutuie. Dans quelques mots d’emprunts on constate la disparition des voyelles â, î avant r, ce qui équivaut à la transformation de la vibrante en élément syllabique (r) : roum. cdrtulie — scr. krculja, roum. cîrnat — scr. krnata. La modification de la forme phonétique par la disparition de la voyelle s’observe aussi dans le pol. czutra provenu du roum. ciuturâ. Par un processus d’adaptation phonétique, le roum. fluierâ est devenu en ukr. fujdra, en pol. fujara, fujera, en slov. fujara, en mor. val. fujara. Par contre, certains mots empruntés au roumain nous offrent l’exemple d’apparitions inattendues (accidentelles) de sons épenthétiques, parfois simultanément à des processus de métathèse et de disparition d’autres sons, ce qui indique que ces mots ne se sont pas maintenus à une forme unique, stable. Par exemple : pour le roum. baraboi : bg. baramboj, bramboj, brhmboj, barboj, brboj, braboj (et brhmbole, brhmbule) ; roum. câpusâ : scr. krpusa (par contamination avec le scr. krpelj) ; pour le roum. colastrâ nous rencontrons en ukr. : kulâjstra, kuléjstra, kurâjstra, en slov. kuljastra ; de marginâ, marginal (roum.) ont résulté : scr. mrgin, mrginj, mrginaS ; pâpuçâ (roum). correspond à pampusa (brus.) Un certain nombre d’emprunts qui commençaient par une voyelle, se sont développés en terre slave par des consonnes prothétiques : j-, h-(ch-), w- (v-) et se sont intégrés à la série des mots slaves autochtones qui maintiennent la vieille consonne prothétique du type tchèque ja «eu», vydra «loutre», etc. : roum. abusile — scr. jabusoliti ; roum. afinâ — ukr. jdfyna, jafÿra, pol. jafer, slov. jafera, jafurie, à côté de hafira, hafura, hafirie, hafircie, hafurie, mor. hafera ; roum. albie — pol. halbija, mor. halbija, halvija ; roum. armas — ukr. harmas ; roum. urdâ — bg. hurda, ukr. vurda, pol. hurda. La prothèse h- apparaît parfois aussi devant une consonne : roum. rîn-caci — scr. hrnkas. On rencontre, à côté des mots à élément prothétique, aussi des formes parallèles, sans prothèse, identiques par conséquent aux formes roumaines : ukr. àfyna, pol. afyna, afyra, slov. urda, etc. Comme initiale, la diphtongue oa — prononcé (wâ) — , qui est spécifique au roumain et inconnu aux langues slaves — s’exprime par va- : roum. oaches — bg. vakü, ukr. vakernyna, slov. Vakesa, mor. vakesa (mais aussi bakesa, comme c’est le cas en pol. bakieska, bakieszka ; roum. oare — bg. vare, vari, ukr. vare, slov. vari, var. Sans aucune influence de la part d’un son qui suit, certaines consonnes et groupes de consonnes sourdes des mots roumains, se sont transformés dans les couples sourds : c est devenu g : roum. cucutâ — scr. guguta ; roum. mâciucâ — bg., scr. macuga, pol. maczuga ; roum. a ridica — mor. redigat sa;