426 TR. IONESCU-NIÇCOV 18 On remarque, du titre même, que l’auteur ne fait rien d’autre que de se placer aux mêmes sources politiques que celles de son ami Hunfalvy. Il réédite ses idées concernant l’origine du peuple roumain, idées héritées de Roesler et Hunfalvy. Bien que ce dernier mourût en 1891, ses théories continuèrent d’assombrir la dernière décennie du siècle, quoique sous des formes plus limitées et atténuées. L’ombre de Hunfalvy s’étend sur les publications d’un autre de ses disciples: Réthy Laszlo qui publie une Histoire des Roumains 1 en hongrois, d’après les manuscrits qu’il conservait de son maître. Son exposé commence par l’époque antique et se poursuit jusqu’à l’assassinat du prince Michel le Brave. Mais voici qu’en 1885, Réthy Laszlô participe à une expédition organisée dans les Balkans. A sa rentrée, il est convaincu d'avoir trouvé la cléf des problèmes pris en discussion; aussi, dans un ouvrage de peu de valeur et non documenté, par la suite traduit aussi en roumain, l’enthnographe magyar n’hésite pas à nier toute trace de romanité en Dacie nord-danubienne et à placer le lieu de formation du peuple roumain dans les contrées sud danubiennes2. Manquant de toute orientation scientifique, Làszlo ferme de manière lamentable, avant le début du XX-e siècle, la série des thèses par lesquelles l’historiographie allemande et magyare a essayé de ruiner l’édifice de réalités historiques permanentes, à l’intérieures desquelles s’est formé le peuple roumain. Ce qui demeure pourtant, c’est le manque d’objectivité dont les historiographes de cette école ont présenté leurs thèses et dont la source doit être cherchée et trouvée dans les programmes politiques des classes dominantes de l’Autriche-Hongrie. Comme il était normal, cette longue dispute d’historiens a fait s’accumuler dans le temps une riche littérature historique roumaine et étrangère, de caractère plutôt neutre, dénué d’esprit de polémique, qui a contribué indirectement à l’information de l’opinion publique européenne. Mais, vers la fin, il se forma une sorte de collaboration tacite — sans toutefois qu’elle fût préméditée d’un côté ou de l’autre — entre l’historiographie tchèque et roumaine ; cette collaboration partait tout naturellement de la même attitude scientifique, objective et non partisane, adoptée à l’égard de l’évolution des événements de l’histoire. La participation des historiographes tchèques s’est faite par deux voies : soit directement, par des études et des monographies, dans lesquelles les thèses de Roesler et de Hunfalvy sont combattues fermement mais avec modération et décence, soit indirectement, en offrant aux historiographes roumains des arguments d’ordre philologique et historique, que ces derniers emploient contre les mêmes thèses roesleriennes. Il ne faut néanmoins pas s’attendre à ce que l’ensemble des réactions et des interventions de l’historiographie tchèque soit dans l’esprit des Transylvanie. Le ton et le style dont est rédigée la brochure en question trahissent la mentalité des cercles réactionnaires dont faisait partie le professeur hongrois (Cf. Rumänien muss grösser sein !, Berlin, 1893) 1 P. Hunfalvy, Az oldhok torténete (Histoire des Romains), I —II, Budapest, 1894, publiée par R. Laszlo. 2 L. Réthy, Deslegarea cestiunii originii Românilor, trad. du magyar par I. Costea, Budapest, 1896.