374- C. N. VELICHI 22 conduite véxatoire de celui-ci, à l’instar de celle de Michel Gherman, la méfiance de Miloch et les difficultés financières qui le tenaillaient à cette heure. Enfin, un tableau assez sombre et plutôt exagéré. Dans le but d’éviter la famine, Peèacov dit qu’il s’est occupait de faire métier d’horloger, faisant aussi des traductions de documents du vieux slave en roumain, traduisant également des livres grecs, écrivant des oeuvres poétiques, rédigeant des suppliques, etc. Sa vigne ne lui était plus d’aucune utilité. Il laissait croire à son correspondant que Miloch aurait dû lui donner au moins 50 ducats, pour acquitter ses dettes ici et se rendre en Serbie, où il aurait pu prouver au prince avec des actes qu’il était un honnête homme. Il prie Stoianovic de lui envoyer 50 ducats'avec sa réponse — de sa part ou de la part du prince — pour qu’il puisse quitter tout le plus tôt possible et se rendre dans sa « chère Serbie ». Si au lieu de 50 ducats, son protecteur pouvait lui en envoyer 100, ce serait d’autant mieux : il serait à même, ainsi, d’engager un avocat pour qu’il s’occupe de son procès et le mener à bonne fin, car « avec les mains vides l’homme est comme mort ». Sous la même enveloppe, il envoie une lettre à Persida, demandant à Simic de la lui faire parvenir à Vîrset, au cas où elle rendrait visite à ses frères. Il implore Stoianovic de l’aider lui, Pesacov, pour qu’il vienneen Serbie et y fonder sa maison. À cette fin, il le prie d’écrirfe sur le champ à Gherman et Mustakov de préparer son passeport et tout le nécessaire au voyage, pour qu’il puisse transférer tous ses biens en Serbie. Alors Persida rentrera à Negotin et ils vivront tous les deux sous son aile protectrice 1. Que Pesacov exagérait ses déboires, il est hors de doute, puisqu’à cette même date il écrivait à Persida que, s’il ne lui enverra pas de l’argent pour qu’elle vienne le voir, alors qu’elle l’attende chez elle, parce qu’il espère recevoir un peu d’argent de sa vigne — avec de quoi entreprendre le voyage 2. Deux mois plus tard, il déplore dans une lettre à sa femme que le colonel ne lui a pas encore répondu. Aussi, il s’adresse à Mustakov avec la prière d’écrire de son côté au colonel, afin de le persuader de répondre à l’appel qu’il lui avait envoyé avant que l’hiver n’arrive pour mettre une fin « à ma triste vie ». Il implore en tout cas une réponse pour qu’il sache ce qui reste à faire. S’adressant à sa femme, il reprend ce sujet en écrivant : « Que je m’attache à un métier pour y vivre, soit être instituteur dans une école, pour y enseigner, soit me faire recevoir comme précepteur dans la maison de quelque grand, comme j’en ai déjà reçu plusieurs offres, mais moi à cause de toi je n’ai pas pu accepter. Car il est vrai que moi aussi j’aurais aimé que le Bon Dieu nous donnât un moyen de vivre dans la chère Serbie et de laisser là nos cendres. C’est pourquoi j’ai attendu toujours, déclinant jusqu’à présent, et c’est pourquoi j’attends encore. Mais si, en fin de compte, je verrai que ni maintenant, par M. le colonel, rien n’en sortira, alors, talonné par le besoin, il faudra que je m’incline devant le destin et si tu voudras venir près de moi ce sera bien, sinon, je n’y peux rien. Je n’ai pas d’autres moyens de vivre et quant à la vigne, les espoirs en sont minces ». 1 Ibidem, if. 97—102. 2 Ibidem.