263 I. C. CHITIMIA 12 laire, s’est detachée du roman et elle fut trouvée en manuscrits indépendants x. Cela montre, encore une fois, combien compliqués sont les problèmes posés par les livres populaires. Ils peuvent et pourront être mieux élucidés sur une échelle plus large de comparaison. Le fond littéraire des peuples slaves et du peuple roumain, dans le domaine des livres populaires, est donc important pour la configuration du patrimoine général. Entre autres, on doit souligner que le célèbre roman de Héliodore, Les Éthiopiques 2, fut traduit du grec en latin, pour la première fois, par l’humaniste polonais Stanislaw Warszewicki, qui l’a imprimé à Bâle en 1552, sous le titre : Heliodori Aetliiopicae historiae libri X. À vrai dire, le roman avait été auparavant traduit du grec en français par l’humaniste Jacques Amyot. Cette version fut imprimé à Bâle en 1535 par le suisse Vincenzo Obsopoeus, mais la version latine de Warszewicki a aidé le plus la diffusion du roman. Les livres populaires se sont localisés dans la littérature roumaine par différentes filières : par filière sud-slave du XVe jusqu’au XVIIe, par filière surtout byzantine, quelquefois slave orientale, du XVIIe au XVIIIe siècles. Un même livre est entré parfois par diverses voies. Le roman Barlaam et Josaphat3 fut traduit d’une rédaction slave au XVIIe siècle par Udriste Nâsturel, mais en même temps on s’est servi d’une version biélorusse, imprimée à Kutein en 1637 4. La vie et les fables d’Ésope furent traduites probablement du grec en roumain à la fin du XVII 'siècle, mais au XVIII siècle on a fait des traductions du slavo-russe 6. Aujourd’hui on sait que la plus ancienne copie slavonne et l'unique, de rédaction russe, d’après la version polonaise du roman espagnol Deziderosus, effectuée par Gaspar Wilkowski (1589), traduite aussi en roumain, se conserve dans une archive roumaine6. Les relations des livres populaires sont par conséquent multiples, leur habit linguistique et littéraire très différents. Si des livres, entrés par exemple en ukrainien par filière byzantino-slave, ont pénétré de nouveau par filière polonaise (L’Histoire d’Alexandre le Grand), d’autres, en échange, sont entrés par cette voie polonaise pour la première fois (L’Histoire d’Attila, Pierre de Provence et la belle Maguelonne, Mélusine, L’Histoire d’Oton, Poncjan, Gesta Romanorum, etc.) 7, comme ont prouvé les recherches de M. Vozniak, 1 Cf. N. S. T i h o n r a v o v, TTaMnmmiKU ompeneimoü pyccKoü Aumepamypbt, Moscou, 1862, nr. 34 ; M. M u r k o, Die Geschichte von der Sieben weisen Meister bei den Slaven, Vienne, 1890, p. 91 ; V. N. Peretz, Hcc.aedoeamm u Mamepua.ibi no ucmopuu cmapunnoU yxpauHCKoit jiumepamypbi, t. I, Leningrad, 1926, p. 128 ss. 2 Voir la traduction moderne de E. Bergougnan, Les Éthiopiques ou Théagène et Chariclée, Paris, Garnier, [1932?]. 3 Jan Janöw a présenté la diffusion de ce roman dans son excellente étude intro-ductive à la version polonaise : Sebastian Piskorski, Barlaam i Jozafat, Lwow, 1935. 4 Cf. E. Turdeanu, Varlaam si Ioasaf. Istoricul si filiafiunea redacfiunilor românesti„ dans « Cercetâri literare », publiées par N. Cartojan, I, 1934, p. 2. 5 Voir notre étude introductive à Esopia, IIe édition, Bucarest, 1958, p. 24 ss. 6 Voir Paul Mihail, Doua manuscrise necunoscute din secolul al XVlII-lea, dans-« Romanoslavica », X, 1964, p. 463—464. 7 Voir un tableau d’ensemble chez Julian Krzyzanowski, Romans polski wieku XVJ, Il-e édition, Varsovie, 1962, p. 278—281.