188 LUCIA DJAMO-DIACONITA 14 Ce qui attire l’attention, c’est que les éléments nouveaux n’ont pas affecté la structure grammaticale ; ils ont seulement enrichi le lexique, en le rendant plus apte à exprimer des idées nouvelles, ce qui représente un progrès évident. Au sujet de l’accent de ces nouveaux emprunts lexicaux, nous observons que l’accent tonique ne frappe pas dans tous les cas l’avant-dernière syllabe «selon un mécanisme d’une rigueur absolue», ainsi que le caractérisait Mazon 1 ; dans les deux enclaves une série de vocables s’écartent de la règle en portant l’accent sur la dernière syllabe, conformément à l’accent dans la langue dont ils avaient été empruntés. De telles déviations se recontrent dans des mots comme : agronóm, arsimtár, autobúz.fakultét, k'inemá, konvíkt, Skrimtâr, sofçr, timón etc. ou, dans l’enclave de Bucarest certifikát, dispensar, ministér, restaurant etc. ‘ Le fait est d’autant plus digne d’attention que presque tous les emprunts lexicaux du passé plus ou moins éloigné se pliaient à cette règle 2. Même les éléments lexicaux turcs accentués sur la dernière syllabe, — accent qu’ils conserveront tant en albanais qu’en bulgare dans des mots comme : alb. muhabét, bulg. Myxadém, alb. pishmán, bulg. nuiuMÓH, alb. kasabá, bulg. Kacadà etc. — ont déplacé automatiquement leur accent pour devenir : mu-hâbet, piStnan, kasdba etc. En recevant l’article postposé (-o pour les noms masculins, -to pour les neutres et -ta pour les féminins), mêmes les noms qui, à la forme inarticulée s’étaient écartés de la règle, sont devenus réguliers du point de vue de l’accent. Par exemple : agronóm — agronómo, konvíkt-konvíkto, autobúz-autobúzo, Sofér-Soféro etc. Au sujet des noms, il nous faut relever que les emprunts se sont adaptés au système du patois selon les principes (règles) suivants, plus anciens : 1. Les féminins albanais terminés en -ê, comme, par exemple, fermé, vlerë, gjobë, doganë, ambulancë, konferencë, sont devenus des féminins en -a : ferma, viera, g'oba, dogana, ambulanca, konferenca, etc. 2. Les féminins roumains terminés en -a: cuverturâ, ferma, gara, înghe-tatâ, policlinicâ, uzinâ sont devenus des féminins en -a : kuvertura, gara, poli-klinika, uzina, etc. 3. Les féminins albanais terminés en -i long comme : taksî, librari, tipo-grafi ont reçu la terminaison -a: taksia (taksiata), libraría (librariata), tipografía (tipografiata), etc. 4. Les féminins roumains terminés en -ie : agentie, autorizatie, operatie, petitie, portie, statie sont devenus des féminins en -ta : agéncia, operada, petida, etc 5. Les masculins terminés en consonne sont restés invariables dans les deux enclaves : 1 A. Mazon, Documents, I, p. 22. 2 A. Mazon, Documents, I, p. 23, indique les quelques exceptions qui s’écartaient de a règle il y a plus d’une trentaine d’années.