274 PANDELE OLTEANU 2 «Fiore di Virtù» est un opuscule moral-didactique où — comme dans une mosaïque — se trouvent placées de nombreuses sentences, pensées sur les vices et les vertus, entrelacées à des comparaisons prises à la vie des animaux, des oiseaux et à des historiettes explicatives. L’auteur les a cueilli avec l’application et le discernement d’une abeille, dans différentes collections et traités de morale médiévale, pour en composer, avec raffinement, élégance et un goût littéraire inégalable — une oeuvre d’une harmonie rare et tout-à-fait nouvelle en comparaison des traités et encyclopédies de morale du Moyen Âge. Jusqu’au titre qui est d’un choix heureux et suggestif : « FIORE DI VIRTÜ ». L’auteur lui-même, dans sa préface, témoigne du processus de création et du caractère de compilation de cet ouvrage : « J’ai fait comme celui qui, dans un grand pré fleuri, ne choisit et ne cueille que les plus belles des fleurs pour en faire une belle guirlande »1. Pareillement, l’auteur a cherché, a choisi et a cueilli dans les livres des Sages, les pensées, les exemples et les historiettes sur les vertus et les vices, tel qu’on le précise dans la préface des plus anciennes versions grecques 2. Il leur consacre par un chapitre qui comprend : une définition du vice ou de la vertu, une comparaison ou similitude entre cette vertu ou ce vice et un animal ou un oiseau, une série de pensées et sentances et — pour conclure — une historiette explicative ou esempio. Ainsi, chacun des chapitres constitue un petit traité indépendant. Après un chapitre traitant d’une vertu, suit un autre qui traite du vice opposé à cette vertu. Par exemple : l’amour (amore) —l’envie (invidia), la joie (alegrezza) —la tristesse (tristizia), la paix—-la colère (ira), la pitié (misericordia)—la cruauté (crudelità), etc. La structure générale de l’ouvrage et de chacun des chapitres constitue un critère pour établir l’ancienneté des différentes versions, des amplifications, des omissions, etc. L’ensemble des matériaux a été ordonné par l’auteur en 35 chapitres, ainsi qu’on peut le constater dans les plus anciens et les plus complets manuscrits, comme par exemple celui de la Bibliothèque Communale de la ville de Siena3, les versions grecques ou celles roumaino-slaves et slavo-roumaines. C’est la preuve que les versions répandues chez les Roumains s’appuient sur les manuscrits les plus anciens des XIVe — XV siècles. Par souci d’ordre didactique et éducatif, on est arrivé à une division en 34 chapitres, en 38, en 40 ou, le plus fréquemment, en 41 chapitres, comme c’est le cas des Incunables, des versions croato-glagolitiques de 1520 et de celles amplifiées ; le Ier chapitre (De l’Amour) est sous-divisé en six chapitres ; le IVe chapitre en deux : De la Tristesse et De la mort d’Alexandre le Grand. On a constaté que les rédactions amplifiées, comme celle de 41 chapitres, traduite en langue croate au XIVe siècle, ont été répandues parmi les ca- 1 « Io fato come colui che in uno grandissimo prato di fiori, che elegge e coglie tutta la cima di fiori per fare una bella guirlanda... », Fiore dì Virtù ridatta — alla sua vera lezone — Bottari, Roma 1740, p. 1. 2 "Av0oç TcoV xaPÎT(BV> éd. Giouan Antonio da Sabio Fiatelli, ad instantia di M. Damiano di Santa Maria, Venise, 1526 ou 1529. 8 Nous exprimons ici nos remerciments à la Direction de cette bibliothèque qui nous a mis à la disposition le célèbre manuscrit pendant notre séjour à Siena et qui nous a facilité la procuration d’un microfilm.