370 C. N. VELICHI 18 par exemple, la demande, adressée le 18 septembre 1836 à son frère de lui envoyer 100 ducats 1. Peu après le départ de Pesacov pour l’Olténie, Persida et ses enfants quittent à leur tour Vîrset pour Negotin, en Serbie. Grâce aux recommandations des frères de sa femme (qui détenaient de hauts emplois en Autriche) et de leur oncle de Russie, Pesacov est invité par le prince Miloch, d’occuper en Serbie un poste de « secrétaire pour le grec et le roumain ». Mais « désireux de finir ma vie plutôt dans ma patrie (c’est-à-dire en Olténie) où gissent les restes de ma mère, de mes frères et de mes enfants, et où j’ai encore d’autres parents qui respirent l’air de la' vie », le poète refuse cette proposition d’autant plus qu’il comptait sur l’appui de Çtirbei2. Il devait regretter cette décision plus tard, en voyant tarder sa nommination à Bucarest. Cette fois ce fut lui qui tenta de se rapprocher de Miloch, par l’entremise de Persida d’un côté, et par les bons offices des agents diplomatiques de Miloch à Bucarest, les Bulgares Michel Gherman et les frères Dimitrie et Hristaki Mustakov. Dans l’intervalle, Pesacov entretient une correspondance soutenue avec sa femme ; ses lettres parvenaient à Negotin portées par les courriers serbes de Miloch ou par les voyageurs occasionnels. A Bucarest, fort probablement grâce aux frères Mustakov, le poète entre en contact avec d’autres membres importants de l’émigration bulgare, comme Anastase Kipilovski, avec lequel il va collaborer parfois à la traduction de certains documents grecs 3. C’est l’époque qui suit à la visite de Venelin à Bucarest et la parution de ses travaux sur l’histoire et la littérature bulgares. C’est le moment où les Bulgares émigrés en Valachie sont en pleine offensive culturelle. Et Pesacov ne tardera pas à se joindre à eux. Il montre à Kipilovski les vers qu’il a déjà écrit; celui-ci l’encourage, lui conseillant de continuer et de noter en même temps chaque production folklorique qu’il pourra recueillir, pour l’envoyer aussitôt à Venelin. Les souvenirs de Vidin remontent en surface et Pesacov fait résonner maintenant une corde encore ignorée en lui. Il écrit quelques poésies en bulgare et les envoie le 31 décembre 1836 à Venelin, accompagnées de quelques productions folkloriques bulgares. C’est le début de sa correspondance avec Venelin 4. Le lendemain, 1er janvier 1837, il lui dédie une ode5. Les productions de Pesacov en langue bulgare sont datées de cette période (1836—1839). Il dédie une autre ode, composée le 1er mars 1837, au docteur P. Beron.6. Ces oeuvres font de lui un auteur bulgare également. Pesacov ne se borne donc pas à écrire en roumain : il compose en bulgare aussi et d’autre part il rédige des poésies bilingues, tout en s’occupant également de 1 V. la lettre de cette date dans le Mss. 1276, f. 37v. 2 Cf. la lettre à Constantin Bàlâceanu, l. cit., î. 72. Nous ne savons rien de précis en ce qui concerne cette offre de Miloch et si elle a été vraiment faite en réalité. Il se peut que ce soit seulement une vantardise de Peëacov, sans aucun fondement, imaginée dans le but de faciliter sa nommination à Bucarest. 3 Bibliothèque de l’Académie, Doc. LXXVI/47a. 4 Ilia Konev, op. cit., p. 4. 6 B. St. A n g e 1 o v, op. cit., p. 233. 6 B. I o t z o v, op. cit., p. 10—11.