23 UN POÈTE «SLAVO-ROUMAIN» : G. PESACOV 375 En réalité, Persida de son côté ne- savait que décider. C’est seulement en hiver 1837 qu’elle pense rejoindre son mari, à l’occasion de la rentrée de Negotin de Kostaki Mustakov, mais le colonel Stoianovic l’empêche de partir vu l’insécurité des routes en hiver. Dans la même lettre, Pesacov s’occupe ensuite de son fils Démètre. Le père se montre heureux de voir son fils appliqué à l’étude, ayant ainsi un héritier digne de lui, qui « va garder mes livres, mes instruments de musique et mes instruments d’art et ne laissera entre des mains étrangères ni mes ouvrages de toutes sortes, fussent-ils en langue grecque, fussent-ils en langue roumaine, en langue slavo-serbe et en langue slavo-bulgare — ouvrages utiles à l’humanité toute entière, dont il prendra soin. Et si je ne vivrai pas afin de les sortir à la lumière, comme je le désire, qu’il prenne lui le soin de les publier, à ma place, comme si c’était moi... un Pesacov renouvelé ». Cette lettre a été envoyée par Démètre Mustakov 1. En février 1838, Pesacov pense demander à la mère de Barbu Çtirbei, vorniceasa Bibescu, de lui prêter une somme plus importante et s’il n’obtient pas cet emprunt de lui acheter sa vigne2. En avril, il essaie d’obtenir 10 ducats du panetier Rosianu, afin de liquider tout et partir pour la Serbie ; ce projet échoue également. Pour des raisons d’économie, il déménage dans une habitation commune avec Matache Crutescu, enregistreur auprès du Divan Criminel, dans les maisons du pope Constantin, près de l’église St. Catherine. Son dernier espoir de se fixer en Serbie croule avec l’abdication de Miloch, en juillet 1839. Pesacov lui rend visite dans ses terres de Heresti et le prince lui conseille de ne pas s’en aller là-bas. Lesté d’une modeste subvention, le poète retourne à Tîrgu Jiu 4, car il avait reçu la nouvelle que sa maison a été pillée par les voleurs. D’autre part, à Bucarest non plus il n’avait pas réussi à se créer une situation pendant les presque cinq années qu’il avait passé là. Son principal protecteur, Stirbei, était parti pour Paris. Il est vrai qu’il avait donné auparavant une recommandation envers le grand vornic Alexandru Filipescu, qui le nomma en 1836 dans un poste de traducteur de documents au ministère de la Justice. Mais, deux ou trois mois plus tard, le prince décide que la traduction des documents ne sera plus à la charge de l’État et qu’elle sera confiée à des personnes privées. Une autre raison de la perte de son emploi a été, à ce qu’il semble, le fait de n’avoir aucune attestation officielle de sa qualité de traducteur. C’est pourquoi le ministère de la Justice l’envoi en décembre 1836 passer un examen de traducteur. L’épreuve a lieu au collège de St. Sava, les 22 et 29 décembre et le 5 janvier 1837 Pesacov obtient le diplôme de traducteur 5. Néanmoins, il ne réussit pas à reprendre son poste. Resté chômeur une fois de plus, il n’a même pas la resource d’en appeler à Stirbei, qui à peine rentré de Paris était parti pour Odessa. On lui promet, il est vrai, un modeste emploi à la chancellerie du ministère de la Justice, 1 Cf. la lettre du 25 août 1838, Mss. 1277, ff. 106—107. 2 Cf. la lettre de Pesacov au panetier C. Roçianu, Mss. 1276, f. 78. 3 Bibliothèque de l’Académie, Mss. 1276, ff. 92—93. 4 Cf. la lettre de Pesacov à C. Bâlâceanu, Mss. 1277, ff. 71—72. 6 Bibliothèque de l’Académie, Mss. 1277, f. 65. V. aussi la copie du journal no. 1864, dans le même manuscrit, f. 80.