20 A. ROSETTI 2 ritoire dacoroumain) *. Le traitement par î de Y a + n slave en dacorou-main ne se retrouve que dans quelques mots. L’explication par la chronologie de l’emprunt s’applique aussi à l’hypothèse selon laquelle jupîn proviendrait d’un mot avare, emprunté à date ancienne par le slave méridional. De fait, bg. zupdn (M 1 a d e n o v, 168, s.v.) s’explique par zupa «Gau» (Aitzetmüller, p. 340, no. 1178; Vasmer W, I, 432). 2. dr. smîntînâ « crème ». Nous avons déjà examiné ce mot, qui pose deux difficultés : la présence de Yî dans deux syllabes consécutives, et celle de l’n dans la première syllabe, car les langues slaves ne possèdent que des formes sans n dans la première syllabe : bg. smetâna, s.-cr. smetana, etc. C’est pourquoi Vasmer (W, II, 672—673) propose de partir de v. si. mçtç, mçsti « rühren », avec une voyelle nasale dans la première syllabe, donc de *sümçtana (v. Mladenov, 593, s. v.) ; le deuxième î pourrait s’expliquer par assimilation (v. Mihâilâ, SCL, VII, 1956, p. 143). Quant à Yî (< v. si. g) de la première syllabe, il est normal (v. ILR, III5, 100). 3. dr. stâpîn « maître, patron, propriétaire, possesseur ». Le mot est attesté en bulgare (stopan, stopanin « Hausherr, Wirt, Herr ») et en serbo-croate (stôpanin « maître de maison »). Il ne figure pas dans les textes vieux slaves ; toutefois, Mladenov (610, s.v.) indique la présence de stopanü en vieux slave « tardif ». 4. dr. stînâ « bergerie, fromagerie ». La présence de Yî sera expliquée, comme pour les cas ci-dessus, par la chronologie. Le mot est attesté en v. slave, avec le même sens (stanü «Heer-Lager», Aitzetmüller, 124 ; Mladenov, 606, s. v.). En slave, c’est un mot du vieux fonds indo-européen (Vasmer W, 111,3). Mr. stînâ est sans doute un emprunt au dacoroumain (T. Papahagi, D, 977, s.v.) 5. dr. stîncâ « roche, rocher, écueil ». L’explication chronologique par le slave serait possibile, pour la présence de Yî. Cf. r. stenâ « Wand » (Vasmer W, III, 10), v. si. stëna «Wand, Mauer » (Aitzetmüller, 124), avec, en roumain, e^>i^>î. A part les difficultés phonétiques, il faut dire que les sens ne coïncident pas. V. nos considérations, ML, 398—413 2. II. Mots du latin balkanique introduits par l’intermédiaire du slave méridional. 1. dr. bivol « buffle » : v. si. byvolü (Mihâilâ, 77, mais ne figure pas dans Aitzetmüller), bg. bivol, s.-cr. bivo