436 TR. IONESCU-NIÇCOV 28 En passant à l’analyse des textes bogomiliques, Hasdeu documente son exposé par des références à l’ouvrage « du plus récent historien de nos voisins d’au-delà du Danube, Konst. Jirecek». Qu’il s’agisse de l’essence du bogomilisme, ou du fait que les Bogomiles s’efforçaient de s’approcher des orthodoxes, aussi bien que de leur conversion au catholicisme, au XVII-e siècle, Hasdeu en appelle aux arguments de Jirecek. 1. C’est encore à Jirecek que Hasdeu se réfère lorsqu’il s’occupe de la légende apocriphe « Les pérégrinations de la Sainte Vierge en Enfer », dans les versions de laquelle on trouve, parmi d’autres divinités, aussi le nom de « Troian ». La tradition roumaine a créé une variante avec des éléments spécifiques, qui a pénétré au sud du Danube jusqu’en Bosnie. Cherchant une explication de ce fait, Hasdeu la trouve dans Jirecek, lequel « démontre que ce pays avait au Moyen-Age une considérable population roumaine » 2. C’est avec cet ouvrage que cesse, au cours de la VIII-e décennie du siècle dernier, les contacts de caractère documentaire et informatif des historiographes et philologues roumains, d’une part, et les disciplines tchèques respectives, de l’autre. Dans la décennie suivante, bien que la théorie de Roesler eût été attaquée, comme nous l’avons vu ci-dessus, par J. Jung en 1877 et J. L. Pic en 1880, la dispute s’amplifie à la suite de l’apparition des thèses de Hunfalvy. D’un autre côté, l’intervention directe de l’historiographie roumaine imprime à la discussion un ton de polémique, sans quitter toutefois le cadre des usages d’un débat académique. En continuation, nous ne relèverons que les moments où l’on a fait appel aux données et arguments de l’historiographie et de la philologie tchèque. En 1880, Grigore Tocilescu publie une monographie massive sur la Dacie préromane [Dada preromanâ). Cet ouvrage possède une information documentaire abondante, qui rappelle, par certains côtés, celle de Hasdeu, surtout en ce qui concerne la littérature historique slave. Ainsi que l’auteur nous prévient dans la préface, l’ouvrage est un développement de sa thèse de doctorat, qu’il avait présentée au semestre d’été de l’année 1876 3, à l’Université de Prague. La monographie de Tocilescu se fait remarquer par une documentation scientifique impressionnante. Les trois semestres que l’historien roumain a suivis à l’Université de Prague en 1875 et 18764, lui ont permis de se documenter efficacement sur l’historiographie et la philologie tchèque. Aussi, Tocilescu, en s’occupant du problème concernant l’origine des Scythes, insiste-t-il spécialement sur les 1 B. P. Hasdeu, Istoria criticà... p. 250, 254, 259 (L. J i r e t e k, op. cit. p. 155, 174, 175, 214, 464). 2 Ibidem, p. 306 (K. J i r e è e k, Die Wlachen u. Maurowlachen in den Denkmälern von liagusa, Prague, 1878, p. 7 — 8). 3 Cf. Dacia înainte de romani, Bucarest, 1880, p. 3. 4 En effet, d’après nos investigations, Tocilescu a suivi trois semestres à la Faculté de Philosophie de l’Université de Prague. Pendant le semestre d’été 1875 et de deux autres de l’année scolaire 1875 /76, Tocilescu a suivi les cours de l’histoire de l'Empire romain, de psi-chologie, latin, langues indo-européennes, histoire d’Autriche, logique, histoire de la philosophie, etc. Il a passé son doctorat en juin 1876 (voir Archiv Karlovy University, Katalog posluchdiû, Prague, 1875).