212 G. MIHAILA 20 pagnée d’une étude historique et philologique où, en se basant sur cet écrit et sur la Chronique moldo-russe, Hasdeu reconstitue les éléments fondamentaux de l’historiographie moldave ancienne en slavon 1. Dans son ouvrage fondamental Cuvente den bâtrini (t. I—III, Bucarest, 1878—1881), qui constitue une pierre angulaire de la philologie roumaine, les vastes connaissances dans le domaine de la philologie slave ont permis à Hasdeu de résoudre, d’une manière magistrale pour cette époque, le problème des exemplaires originaux de vieilles traductions roumaines, qu’il a publiées pour la première fois, telles le Chronographe de Mihail Moxa (1620)2, les textes religieux et ceux de littérature populaire compris dans Codex Sturd-zanus et d’autres 3. Titulaire du premier cours de linguistique comparée indoeuropéenne à l’Université de Bucarest (1873—1900), préoccupé des éléments de substrat de la langue roumaine, Hasdeu a également accordé son attention aux relations linguistiques slavo-roumaines dans le cadre de ses études sur l’histoire de la langue roumaine. Ainsi dans Originea agriculturii la romani4 il fait une analyse poussée des termes d’origine slave relatifs à l’agriculture (plug, brazdâ, ogor, etc.). On retrouve des idées intéressantes aussi dans l’étude Baudouin de Courtenay si dialedul slavo-turanic din Italia. Cum s-au introdus slavismele în limba românâ (Bucarest, 1876), où Hasdeu attire l’attention sur les slavonismes du roumain, considérant — il est vrai, d’une manière exagérée — que ce fut presque la seule voie d’emprunt, en dehors des rapports de voisinage. Dans ce domaine on trouve, évidemment, une série de contributions étymologiques et sémasiologiques dans son ouvrage monumental Etymologicum Magnum Romaniae (t. I—VI, Bucarest, 1886—1898), comme par exemple les articles consacrés aux mots aieve, ba, baba, basm, bastinâ, etc., auxquels on peut ajouter les étymologies ingénieuses des mots zglobiu, sugubât et sugubinâ5, tous d’origine slave. L’activité prodigieuse de B. P. Hasdeu — dont nous avons mentionné ci-dessus les ouvrages les plus importants rattachés à l’objet de notre exposé — non seulement dans le domaine de l’histoire et de la philologie roumaines mais aussi dans la recherche des rapports culturels et linguistiques slavo-roumains, ont entraîné son appréciation à l’étranger : ainsi a-t-il entretenu des relations étroites avec Fr. Miklosich, A. A. Potebnja, A. N. Veselovskij 1 Ibidem, III, 1867, p. 5—34. Voir aussi P. P. P a n a i t e s c o, Rolul lui Bogdan Petri-ceicu Hasdeu în slavistica româneascâ, Rsl, VI, 1962, p. 235—248. 2 Le manuscrit du chronographe, obtenu par V. I. Grigoroviê du monastère de Bistri^a d’Oltenie, avait été signalé par celui-ci en 1859, dans O CepSuu e ee omiiouietiuRX k coced-hum dzpxcisaM, Kazan, 1859, Annexe I, p. 1—45 (avec un extrait). Passé après sa mort au Musée Rumjancev de Moscou (aujourd’hui la Bibliothèque «Lénine»), le manuscrit a été copié par l’élève de Hasdeu, Gr. G. Tocilesco, qui le lui avait cédé en vue de la publication. 3 Voir aussi son étude Limba slavicâ la romini pînâ la anul 1400. Fragmente din: Istoria culturii în Dacia, publiée dans la revue « Traian », I-ère année, 1869, n° 42—90, et Il-ème année, 1870, n° 2. 4 « Columna lui Traian », V, 1879, n° 3, p. 12—18, article reproduit dans Pagini alese, Bucarest, ESPLA, 1953, p. 253—289. Hasdeu fait paraître la même année et dans la même revue Originile viniculturii la romini (n3 4) et Originile pastor iei la romani (n° 5, 6, 7, 9). 5 Din istoria limbii romàne, Bucarest, 1883, p. 33—42, 71—80.