U	L’INFLUENCE ROUMAINE SUR LES LANGUES' SLAVES	69
: avec l’apparition de traits spécifiques de la langue roumaine, les emprunts ‘ faits au latin populaire (vulgaire) y ont commencé à changer de caractère. Les Roumains, continuateurs de la population romane de l’Est de la Péninsule Balkanique (des deux côtés du Danube) ont maintenu le contact avec \ les peuplades slaves méridionales. La difficulté vient de là qu’il nous man-; que, ou presque, les moyens d’identifier les emprunts de cette période, tandis que nous ne pouvons compter sur des sources écrites qu’à partir des XIIIe, XIVe siècles. C’est à ce siècle que nous constatons une série de noms topi-i ques, noms de personne ou mots communs d’une manifeste origine roumaine. Cf. scr. brence « fromage », attesté dans les documents de Raguse du XIVe siècle, (roum. brînzâ) gagrica «roum. gârgâritâ, s. XV), noms de personne
I	comme Arboric, Arbulic (XIVe—XVesiècles <<roum. arbore), Kukor «roum.
; cocor, s. XIII), Krecul «roum. cret, s. XIV), toponymes comme Sarebir: (avec rhotacisme du, roum. sare bine, s. XV *), Cf. bg. Banisor, Gurguljat, Kwnul, Krecul, Musat, PbSbrel et autres, noms topiques des siècles X—XIV2. Il n’y a aucune raison de supposer que les termes sus-mentionnés et d’autres similaires n’aient existé aussi avant cette périodeTout au contraire, leur attestation au début du XIIIe s. nous fait supposer qu’ils ont été empruntés antérieurement.
      Pour la diffusion de l’élément roumain dans les Balkans, les pâtres roumains (valaques ou vlaques) ont eu un rôle particulièrement actif. On les rencontre dans la Péninsule Balkanique pendant tout le Moyen Age. Leur nombre considérable et le fait qu’ils étaient les émissaires d’un certain mode de vie ont eu pour résultat une manifestation plus évidente de l’influence roumaine dans le domaine pastoral (v. Th. Capidan, « Daco-romania », III, 157; Al. Rosetti, ILR, IV-V, p. 107—108).
      Environ à cette même époque, les termes pastoraux se sont transmis par transhumance aussi aux Slaves occidentaux (Slovaques, Polonais, Moraves) ou orientaux (Ukrainiens), tel qu’il ressort de la présence de quelques noms toponymiques attestés aux XIIIe— XIVe siècles, (v. J. Vâlek, Poznâmky k mape moravského ValaSska, CMMZ, VII, 292. Cf. N. Drâganu, Românii în
I	veacurile IX—XIV pe baza toponimiei si onomasticii, Bucarest, 1933, p. 170— 222, où l’on signale déjà à une époque antérieure la présence de l’élément roumain).
      Les débuts de l’expansion des Roumains au Nord des Carpathes datent depuis, environ, les XIIe, XIIIe siècles et se prolongent jusqu’au XVIe siècle, en laissant des traces particulièrement dans le domaine pastoral ; les Roumains— pâtres, pour la plupart—-ont fusionné avec les Slaves qui les entouraient, en leur transmettant des éléments lexicaux pastoraux, ou même, souvent, en laissant des traces jusque dans la toponymie (v. Al. Rosetti, Istoria limbii române, IV-VI, p. 117—118).
       1	Cf. Al Rosetti, ILR, IV—VI, p. 128—130.
        2	Cf. Al. R o s e 11 i, ILR, IV—VI, p. 127 (où d'autres exemples sont encore donnés) ; voir aussi I. Duridanov, Kbm etimologijata na njakoi starini mestni nazbvanija, Sbornik D. Deôev, Sofia, 1958, p. 152—166; I. Duridanov, dans Ezikovo-etnografsko izsledvane v pamet na Stojan Romanski, BAN, Sofia, 1960, p. 469.