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L'f.TUDE DU LEXIQUE D'UN PATOIS SLAVE D ALBANIE
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    Bien que les mots empruntés par les bilingues conservent'en général le genre du mot d’origine 1, on y constate certains changements déterminés par la fin des mots, à savoir :
    a)	les noms féminins albanais terminés en -je ou -e, désinence spécifique aux neutres slaves, comme par exemple : lutje, përshtypje, ndërmarje, g'jendje ou akullore etc. en pénétrant dans le lexique du patois, sont devenus neutres, de même que sarce (< sbfdce), imane (<iménije).
    b)	les noms féminins albanais terminés en -o, désinence spécifique aux neutres slaves, comme, par exemple : depo, pako, sont devenus neutres, en s’encadrant dans le type selo.
    c)	les noms roumains du genre neutre terminés en consonne : cascaval, restaurant, paçaport sont devenus masculins comme mas, kovaô, pojes etc.
    Pour ce qui est de la formation du pluriel, il nous faut préciser que, dans les deux enclaves, tous les masculins monosylabiques forment le pluriel en -ovi. Ainsi : sklaf— sklavovi, sef— sefovi, plan —planovi, tren — trenovi etc.
    Nous mentionnons que certains noms, bien qu’ils proviennent de langues différentes, ont une forme identique dans les deux enclaves : agronom, album, analiza, autobuz, bidon, brigada, brigadier, garai, koridor, kostum, plan, tele-fon, uzina, etc.
    Dans d’autres cas, la différence est insignifiante, comme par exemple : borg’ez — burg’ez ;, kazerma — kazarma ; kaikaval — kaSkaval ; konferenca — konferinca, etc.
    Une catégorie restreinte, formée de vocables dérivées du même radical, se distingue par les suffixes qui aident à leur formation : Par exemple : depo — depozit ; kuverta — kuvertura ; pako — pak’eto.
    Une autre catégorie est constituée par quelques néologismes ; ce sont des noms dont le genre est différent dans les deux enclaves — sous l’influence de leur langue d’origine. Par exemple : a) fakultet m. b) fakultate f. ; a) opera-cion m. — b) operacia f. ; a) porcion m. — b) porcia f. ; a) universitet m. — b) universitate f.
    Quant à la signification des mots empruntés, nous préciserons que certains vocabules polysémantiques, provenant de l’albanais ou du roumain, ont réduit leur sphère sémantique dans le lexique du patois. C’est le cas des termes comme : akcion, ambulanca, ank’eta, analiza, lutje, operacion, operacie, raport, taraca. Pour ce qui est du mot emprunté palat, qui désigne aussi « Blockhaus », nous assistons, grâce à un calque, à l’élargissement de sa sphère sémantique.
    Le verbe. Dans ce domaine, comme une conséquence du fait que les langues d’origine (le roumain et l’albanais) ne connaissent pas la catégorie de l’aspect, certains verbes se présentent comme verbes à deux aspects, du type paHoVAi-fc-i h du vieux slave 2. Ainsi, le présent de chacun des verbes mentionnés peut être associé à l’adverbe de temps toko « en train de », qui
    1	Voir Louis Deroy, L'emprunt linguistique, p. 258.
2	Voir, par exemple, A. Vaillant, Manuel du vieux slave, t. 1, Paris, 1964, p. 324.