420 TR. IONESCU-NIÿCOV 12 d’histoire locale, Schwicker le traite dans le cadre de l’histoire des Roumains et il affirme, comme tel, à propos de l’évacuation de la Dacie transdanubienne que la population tout entière de cette province traversa la rivière, en passant au sud, en Mésie et que — de la sorte — le Danube redevint la frontière de l’empire romain 1. Peu de temps après, comme nous le verrons, Schwicker, devenu membre de l’enseignement supérieur de Peste et concomitamment député au Parlement magyar, se mettra tout-à-fait au service de l’historiographie idéaliste et réactionnaire allemande et magyare de l’époque 2. Mais ce n’est que pendant la septième décennie du siècle qu’apparaît la personnalité dont les théories, non seulement qu’elles renaissent le problème des origines du peuple roumain, sous tous ses aspects, mais de plus entraînent les contemporains — historiens et linguistes — dans la phase finale de la dispute qui nous préoccupe ici. Il s’agit en fait de l’historien de langue allemande Robert Roesler, dont les études consacrées à l’histoire des Roumains ont créé la soitdisant „théorie roeslerienne“. Roesler ouvre la série de ses ouvrages, en 1864, par une étude de petites proportions, traitant de La Dacie Préromaine 3, dont l’exposé n’annonce en rien, ou presque, la méthode et le manque d’objectivité avec lequel il présentera ultérieurement les aspects les plus délicats de l’histoire de notre peuple. Deux ans après, Roesler publie une nouvelle étude où, dés le début, il définit sa position, non seulement face à la thèse de la continuité de l’élément roumain en Dacie, mais aussi en regard d’autres moments et situations de l’histoire, se rattachant de manière directe à la décision d’Aurélien de l’an 271. „La Transylvanie et les Principautés danubiennes, affirme Roesler avec un sentiment d’orgueil, qui d’ailleurs le caractérise, „sind keine romanischen, sondern sehr spät partiell romanisierte Länder. Die Continuität der romanischen Bevölkerung im Lande ist durch ein Jahrtausend unterbrochen4". Adversaire implacable de la thèse de la Continuité, Roesler admet — comme un corolaire historique des données ci-dessus — que l’immigration des Roumains, du sud vers le nord, ne se produit, en aucun cas, „avant le XH-e siècle, voire le commencement du XIII-e“. Cette thèse, que l’historien allemand développera dans un autre de ses ouvrages 5, sera appliquée dans l’argumentation scientifique du droit du „primus occupans“ des contrées trans-carpathiques. 1 Cf. Geschichte des Temeser-Banat, Becicherecul-Mare, 1861. 2 A partir de 1873, Johan H. Schwicker (1839 — 1902) fonctionnait comme lecteur pour la littérature allemande à l’institut polytechnique de Budapest et entre 1887 — 1901 était membre du parlement magyar. 3 R. Roesler, Das vorrömische Dacien, Vienne, 1864. Tiré-à-part du « Sitzungsberichte der philh. istorische Classe der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften», Vienne, Bd. XLV (1864). La même année, Roesler publie aussi la brochure Die Geten und ihre Nachbarn, dans la collection « Zur Geschichte der unteren Donauländeren », Vienne, 1864. 4 Cf. « Dacier und Romänen », Vienne, 1866, p. 70 et les suiv. ; tiré-à-part du « Sitzungsberichte der phil.-historische Classe der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften », Vienne, Bd. LIII, 1866. 5 Cf. Die Anfänge des walachischen Fürstenthums, Vienne, 1867, p. 38. Tiré-à-part du « Zeitschrift für der osterr. Gymnasium », Vienne 1867, VI u. VII, H. p. 393 ff.