3 LES LIVRES POPULAIRES' 259 faire l’objet d’une étude isolée ou d’une étude comparée aux conclusions de valeur générale. Nous montrerons ici quelques lignes. Premièrement, il faut souligner que ces oeuvres populaires ont contribué à la formation des langues littéraires nationales dans l’esprit d’une permanente viabilité. Destinés aux cercles plus larges, les livres populaires ont été transposés, en commençant du moyen âge, en langues nationales de beaucoup de peuples. Et puisque, en grande mesure, en a fait des traductions en langues romanes, spécialement en français, ces textes se sont diffusés sous le nom de romans 1, terme transmis ensuite à l’espèce jusqu’au « roman » moderne en prose. Donc, la langue nationale vive dans laquelle on a traduit du grec, du latin et des langues orientales, aux XIIe—XIIIe siècles, a imposé un terme. Plus tard, lorsqu’on a effectué une traduction ou une adaptation d’un tel roman populaire pour une lecture sans « canons », imperceptiblement on a tenu compte du langage vivant, plutôt quotidien du peuple, que de la langue rendue « officielle » des textes d’autre nature, surtout religieuse, au vocabulaire « fixé » et à la topique traditionelle de la phrase. Cet aspect resta en marge des études et plus encore, les traités d’histoires des langues littéraires ou des grammaires historiques négligent le plus souvent et injustement le fond des livres populaires, puisqu’ils présentent à ce point de vue une importance particulière par la narration en style folklorique, aussi par les éléments de langue appartenant au parler vivant, perpetués jusqu’à nos jours. Voilà, par exemple, une série de termes dialectaux ou au phonétisme dialectal, tirés des livres populaires roumains : aimintrelea au lieu de aimintrelea (S) 2, bâiatâ pour fatâ ’ fille ’ (TB), bisvg au lieu de belçug ’ abondance ’ (Sk) ; brîncâ pour labâ ’ patte ’ (Es) ; code pour carîtâ ’ voiture ’ (A) ; de harem ’ gratuitement ’ (TB) ; dodei au lieu de cicâli ’ bougonner ’ (S) ; dulamâ ’ habit populaire fourré, pour les femmes ’ (S) ; fâtârie pour prefâcâtorie ’hypocrisie ’ (Eth, Pol, Hr) ; fimeiesc au lieu de femeiesc ’ féminin ’ (Pol) ; fîrtat pour prieten ’ami’ (Es) ; frâmsete, frumosâte, frumusâte pour le littéraire frumusete ’beauté’ (S, Er, Eth, Pol), gadinâ au lieu de fiarâ ’ bête ’ (A, T, Es, Hr) ; gîtitâ pour gît ou beregaiâ ’ gorge ’ (Pol) ; goras-nitâ au lieu de untisor ’ herbe au fie ’, Ficaria ranunculoides (ÎP) ; hiulâ pour fiulâ ’ orage ’ (T) ; ibomnic et ibovnic pour iubit ’ amant ’ (S, H) ; îmbrâtosa pour îmbrâtisa ’ embrasser ’ (Eth) ; nâstrapâ pour ulcior ’ cruche ’ (Es) ; piroscâ ’ plat populaire régional ’ (S) ; sa piaie pour sa piarâ, sa saie au lieu de sa sarâ, sa spaie pour sa sparie ’ qu’il disparaisse, qu’il saute, qu’il effraye ’ (Es, A, BB) ; sâmâlui pour a lua secma ’ faire attention ’ (S, Eth, Hr) ; tinerea pour tînârâ ’ jeune ’ (Es) ; tapân pour w.ult ’ beaucoup ’ (TB) ; zdrumica au lieu depisa ’piler ’ (Hr), etc., etc. D’ailleurs, ce ne sent pas les simples termes 1 Cf. Juliusz Kleiner, Sludia z zakresu literatury ifilozofii, Varsovie, 1925, p. 105 ss. 2 Nous précisons ici les abréviations des livres populaires cités, édités par Ion C. C h i Ç i-mia et Dan Simonescu: Cârfile populare în literatura rcmâneascâ, 2 vol., Bucarest, 1963; A: Istoria despre marele Alexandru Impârat ; 86 : Viafa lui Bertoldo çi lui Bertoldino ; Er : Isloria lui Erotocrit eu Aretusa ; Es : Viafa $i pildele preaînfeleptului Esop ; Eth : A lui Eliodcr istorie ethiopiceascâ ; H : Halima (Aravicon mithologhicon) ; Hr : Povestiri din hronografe ; IP : Impârâfia poamelor si a tuturor legumilor ; Pol : Istoria viteazului Polifion ; S : Povestea lui Sindipa filozoful ; Sk : Istoria lui Skinderiu Impârat ; T : Impârâfia lui Priam, împâratul Troadei ; TB : Toatâ viafa, istefiile si faptele minunatului Tilu Buhoglindâ (Till Eulenspiegel).