442 TR. IONESCU-NISCOV 31 s’enrichit d’une série de monographies et de travaux de recherche, où sont largement débauttus les problèmes concernant les origines et la formation du peuple roumain. Pourtant, vue la complexité des problèmes et le manque, à cette époque, de matériaux documentaire suffisants, qui eussent pu être employés avec succès par les historiographes roumains dans le combat contre les thèses de Roesler et de Hunfalvy — « néoroesleriennes » comme les appelle Onciul1 — , il nous semble tout naturel que les interventions de l’historiographie roumaine à ce moment-là soient encore dépourvues d’une grande homogénéité. Il existe donc des divergences d’idées, qu’il ne faut pas interpréter comme une déficience de ces ouvrages, mais, tout au contraire, comme la manifestation non masquée de l’effort que l’on faisait dès lors pour trouver la meilleure voie d’aboutissement à la vérité historique. Ainsi, Dimitrie Onciul, lequel fait paraître en 1885, un véritable traité sur l’ouvrage de Xenopol «Teoria lui Roesler »2, en y apportant de nouvelles précisions et interprétations par rapport aux affirmations de l’historien de Jassy, pour recommencer en 1887 à procéder de même, au sujet de l’ouvrage de Pic, paru onze ans avant. Il s’agit de l’oeuvre Zur rumänisch-ungarischen Streitfrage 3, que Pic publie après sa visite en Roumanie en 1885. Onciul publie un article rédigé en allemand où il discute, dans exprit critique, certains problèmes — d’un caractère plus saisissant — énoncés dans l’ouvrage de Pic 4 On constate qu’il formule des réserves à l’égard des thèses de l’historien tchèque — qui demeure pour lui «ein eifriger Verfechter der Continuität»5 — mais ces réserves nous semblent toutes naturelles, attendu que Onciul est partisan de l’«admigration» (comme il l’appelle) des Roumains du sud vers le nord, ce qui n’a pu que renforcer numériquement l’élément roumain de la Dacie Trajane. D’ailleurs, Onciul considère comme très fondé le critère anthropologique (« sehr stichhältig ») que Pic avait fait intervenir dans le contexte de son argumentation. L’historien roumain conclut en fin de comptes qu’en dépit du fait que le livre de Pic dénote quelques déficiences, celui-ci a pourtant réussi «d’établir sur des bases solides, ne fût-ce que partiellement, la thèse de la Continuité de l’élément roumain en Dacie Trajane» («trotz alle Mängel auch diesmal theilweise gelungen ist, die Continuität des romanischen Elements in Trajanischen Dacien durch haltbare Gründe zu stutzen ») 6. Mais, avant de poursuivre de notre analyse les publications de D. Onciul, il nous faut introduire dans la chronologie de notre exposé l’étude — brève, mais documentée — de Radu Rosetti sur les invasions des slaves aux Balkans 7. 1 D. Onciul, Originile Principatelor romane, Bucarest, 1899, p. 119. 2 D. Onciul, Teoria lui Roesler de A. D. Xenopol. Dare de Seamä criticä în „Convorbiri Literare", XIX (1885), p. 60-89, 174-187, 255-278, 327-348, 424-439 et 589-602. 3 Cf. op. cit., Leipzig, 1886. 4 D. Onciul, Zur rumänischen Streitfrage in « Mittheilungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung*. Ergünzungsband II, Wien, 1887, 2 H., p. 277 — 294. Onciul, par exemple, ne partage pas l’avis de Pfö quant à l’origine des deux frères Pierre et Assan, que l’historien tchèque tient pour bulgares, cependant que les contemporains attestent leur origine roumaine (p. 290). 6 Ibidem, p. 278 6 Ibidem, p. 294. 7 Cf. Invaziunile slavilor în Peninsula Balcanicâ si formatiunea nationalitàtii române, dans „Revista Noua", Bucarest, II (1889) p. 337 — 347.