UN POÈTE «SLAVO-ROUMAIN»: GEORGES PESACOV CONSTANTIN N. VELICHI À la fin du XVIIIe et dans la première moitié du XIXe siècle, l’Empire ottoman devait traverser l’une des plus aiguës crises économiques et sociales-politiques qu’il eût jamais eu à subir. Son système féodal militaire était en pleine dissolution. L’anarchie accélérait le rythme de sa décadence. À l’instar des Roumains, les autres peuples balkaniques ranimaient le feu des luttes pour la liberté. C’est l’époque où une renaissance politique et culturelle commence à éveiller ces peuples — époque que l’histoire a enregistrée pour quelques uns d’entre eux sous ce nom même. Sur le plan politique, cette renaissance se manifeste par les mouvements des Serbes, des Grecs, des Roumains. L’an 1821 devait en marquer le premier moment culminant, comme une conséquence de la participation en masse de tous ces peuples aux guerres russo-turques. Une seconde étape importante devait être celle des années 1840— 1848, couronnée en 1848 par la révolution démocratique bourgeoise de Vala-chie. C’est pendant cette première moitié du XIXe siècle que prennent corps l’État autonome serbe et l’État indépendant grec ; c’est maintenant que, par le traité d’Andrinople (1829), l’autonomie de la Valachie et de la Moldavie est à tel point consolidée que l’unique lien qui les rattachent encore à l’Empire ottoman est celui constitué par le tribut et l’obligation de faire confirmer leurs princes 1. Entre tous les peuples balkaniques, les Bulgares sont les seuls à ne rien obtenir par suite de la guerre russo-turque de 1828—1829. Fortement comprimé dans sa patrie, le mouvement national culturel bulgare trouve un échappatoire dans l’activité de ses chefs émigrés en Valachie. C’est là que durant les quatre premières décennies du XIXe siècle ils trouveront le champ néces- 1 Istoria Romîniei, III, Bucureçti, 1964, p. 931. 23-1457