38 G. IVA.NESCU 8 nom commun d’origine slave barâ ,,loc” — cf. v. si. bara — et le dérivé de ce dernier, barîce „fontaine à eau stagnante et pleine de plantes d’eau”, „marais”. L’auteur ne relève pas que le même mot est employé dans la Tara Hategului au sens de „petit ruisseau” et de „petite vallée”; cf. Aron Densusianu, Re-vista criticâ literarâ, III, p. 87 (Viciu, Glosar..., p. 91), qui indique le sens de „marécage” ; nous y ajouterons que le ban. borugâ semble partir d’un dérivé sur terrain slave, *baruga, de bara) ; les mots Bara et barîce sont comparés par Papahagi au macédo-roum. barâ „eau stagnante”. Mot. ciup „étoupes, filasse de chanvre”, mr. fyupu, le même sens, sont rapportés par l’auteur au v. si. cubù, ôupü, mais aussi au turc cup „petit morceau de broussaille” ; mot. cleoambe (pl.) „branches”, aroum. clembâ „pereche” (< v. si. *klçpü conservé en russe avec le sens de „Knebel, Holzklôtzchen” ; peu probable) ; c’est du macéd. clembâ qu’on a dérivé c(â)limbociu, c(â)limbuciu „long fût, perche”. Dans le glossaire qui clôt son article, Papahagi enregistre encore d’autres éléments empruntés au vieux slave, en indiquant aussi l’étymologie de chacun : celnic „libre, sans aucune charge”< v. si. celünikü et doscâ „planche” (Abrud), qui peut toutefois être d’origine ukrainienne. E. Petrovici, Folclor de la motii din Scârisoara, dans Anuarul Arhivei de folclor, V, p. 111—- —175, enregistre (cf. glossaire, p. 169—175) lui aussi certains mots régionaux empruntés au vieux slave : Camenitâ „vieil âtre formé d’une platforme en pierre”, clombâ „branche”, cring „hameau” (le mot se distingue aussi bien par son phonétisme, différent de celui des autres régions du daco-roumain, que par son sens particulier ; il s’agit de deux évolutions sémantiques différentes dans les diverses régions daco-roumaines) ; gadinâ „bête sauvage” ; a sâ guri „monter” < v. si. *goriti, éventuellement *gorovati (cf. pol. gôrowac „commander, dominer, être supérieur à, culminer”, dérivé du v. si. gora „montagne”; lotra „voleur” ; mezdrelâ „couteau, coutelas”, dérivé de a mezdri „tailler, polir avec le coutelas” < v. si. mezdriti, cf. néobg. mezdrja ; naz-drâvin „géant”, même mot que le nâzdrâvan qu’on trouve ailleurs ; à remarquer la place différente de l’accent ; necladu, „la bûche qui brûle dans l’âtre” < v. si. *nekladü ; cf. aussi cladâ „tas, amas”, „très grand arbre d’une forêt” (< bg. serb. klada et v. si. kladq, klasti „bâtir”) ; turist’i „endroit non-couvert où les moutons demeurent pendant l’hiver” < v. si. toriSte ; cf. mr. tûruste „endroit où il y a eu une bergerie, verger” 1. Teofil Teaha, Graiul din valea Criçului Negru, Bucarest, 1961, ne consacre aucune sous-division de son livre aux éléments vieux slaves des parlers de la vallée du Criç Noir ; c’est assurément à cause de la même difficulté à distinguer entre les éléments lexicaux d’origine slave ancienne et les éléments d’origine serbe. A côté des termes très anciens (dont certains avec un phonétisme ou un sémantisme évolué, tel que bibolâ „bufflonne”, bogat „assez”, cîrpâ „chiffon”, a cloci „se reposer”, copite „sorte de champignons commesti-bles, gîlci „amygdales”, greblâ „râteau”, grinzauâ „poutre”, qui pourtant semble supposer un v. si. *grçdà, leasâ etc., il y en a d’autres qui sont caractéristiques aux parlers de la région des Cris et en général pour la région 1 Cf. C a p i d a n, Elementul slav în dialectal aromân, p. 85 ; la présence du mot dans le district de Teleorman et dans l’Olténie méridionale s’explique probablement par des émigrants venant de la Transylvanie et de la Criçana.