206 G. MIHAILA 14 ment aux langues slaves, et en même temps la place occupée par le slavon dans la culture roumaine de l’époque, certains d’entre eux apportant même des contributions originales à son « illustration » comme langue sacrée de l'Orient. Laissant de côté d’autres mentions des écrits historiques et philologiques roumains et étrangers, nous rappelons ici seulement l’opinion d’un bon connaisseur de l’histoire et de la culture roumaines, Fr. J. Sulzer, l’auteur de l’ouvrage Geschichte des transalpinischen Daciens (3 tomes, Vienne, 1781—1782), qui — reconnaissant le caractère roman de la langue roumaine — montrait pourtant qu’elle comprend également un grand nombre de termes slaves, introduits à la suite des relations familiales étroites entre les Roumains et les Slaves x. L’époque ancienne de la philologie slavo-roumaine prend fin par les ouvrages pratiques mentionnés ci-dessus, appartenant au XVIIIe siècle et par les opinions théoriques des historiens roumains et étrangers de cette époque, portant sur le spécifique de la langue roumaine et sur ses rapports avec d’autres langues, surtout avec les langues slaves, et sur le caractère de la langue slavonne comme langue de culture dans les Principautés Roumaines. C’est à cette époque qu’on définit clairement, pour les deux siècles à venir, les problèmes fondamentaux de cette discipline, alors au stade d’embryon dans le cadre des préoccupations philologiques roumaines : les relations linguistiques slavo-roumaines et la valeur de la culture roumaine ancienne en slavon. Dans leurs recherches consacrés à ces questions, les érudits roumains rencontreront souvent les philologues et les historiens étrangers, surtout slaves, intéressés eux-mêmes à la conaissance de ces phénomènes culturels et linguistiques complexes. III § 7. Au cours des premières décennies du XIXe siècle, mais surtout vers la moitié de ce siècle, sous l’impulsion générale du développement des sciences historiques et philologiques dans notre pays — conséquence naturelle de la lutte de libération nationale et sociale du peuple roumain, de l’Union des Principautés Roumaines en un État unitaire, la Roumanie, de la conquête de l’indépendance et de la modernisation de la vie publique — les recherches dans le domaine de la philologie slavo-roumaine se développent, évidemment, en relation étroite avec la philologie européenne et tout particulièrement avec la philologie des pays slaves. Les premières recherches systématiques entreprises sur la culture roumaine ancienne en slavon et sur le vocabulaire d’origine slave du roumain apparaissent vers la première moitié du XIXe siècle et sont dues à l’historien et philologue russe J. Venelin, à J. Hinkulov, érudit russe d’origine roumaine, à l’écrivain et philologue serbe Jovan Sterija Popovié (qui a vécu lui aussi parmi les Roumains de la région de Banat et qui connaissait le roumain) 1 Op. cit., t. II, 1781, p. 61 et suiv. Voir L. Ç à i n e a n u, Istoria filologiei romane, 2-ème éd., Bucarest, 1895, p. 33—-35.