60 SILVIA NIT* ARMA$.. 2 due de ces études. Partiellement, nous disposons pour certaines langues (serbocroate, bulgare, ukrainienne, polonaise, tchèque, slovaque) de travaux plus amples et même de monographies, tandis que pour d’autres les informations sont extrêmement réduites (russe *, biélo-russe 2, macédonien), ou manquent totalement (slovène, luzacien). L’activité, toujours plus intense, de recherches et d’enregistrements du fond lexical propre à chaque langue slave, est en train de révéler des matériaux tout nouveaux même en ce qui concerne le problème discuté (dictionnaires explicatifs et étymologiques, glossaires et monographies dialectales, atlas linguistiques, etc.). Reconsidérer, à partir d’un point de vue critique et en s’appuyant sur une méthode unique, objective, les résultats positifs obtenus par les études antérieures, parallèlement au travail de décèlement et interprétation du matériau nouveau, constitue l’une des tâches les plus importantes du chercheur actuel portant ses investigations sur les rapports linguistiques roumano-slaves. L’idée que l’étude de l’élément roumain dans les langues slaves est nécessaire, a été mise en évidence par B. P. Hasdeu 3, pour être ensuite renforcée et développée par I.-A. Candrea qui a passé d’ailleurs à l’investigation concrète du problème 4. La majorité des études touchant l’influence roumaine dans les langues slaves date de la première moitié du XX-e siècle. Rappelons quelques- unes des plus importantes contributions, en les systématisant par langues. Pour l’ukrainien, nous citerons à cette période, les études de D. Scheludko Rumänische Elemente im Ukrainischen (Balkan-Arhiv, II Band, Leipzig, 1926, pp. 113—136), dans lesquelles on analyse 330 mots que l’auteur considère comme étant empruntés au roumain. En tenant compte des travaux antérieurs (surtout ceux de Miklosich, Kaluzniacki), mais aussi en y ajoutant ses propres observations, l’auteur enregistre environ 200 roumanismes dans les langues ukrainienne, russe, polonaise, tchèque, serbocroate et bulgare, divisés par catégories: termes pastoraux, de nourriture, vestimentaires, de plantes et animaux, divers. Les contributions ultérieures sont venues confirmer la véracité de la majorité écrasante de ces étymologies. 1 M. Vasmer, Russisches etymologisches Wôrterbuch, I—III, Heidelberg, 1950—1958. 2 Les seules informations que nous possédions sur l'élément roumain dans le biélo-russe, nous les tenons de E. V r a b i e, Elemsnte romdnepti în limba bielorusâ, dans Omagiu lui Al. Ro-setti, Bucarest, 1965, p. 993—995. 3 Etymologicum Magnum Romaniae, 1886, vol. I, p. 934 : « Elle est hasardeuse la méthode de ceux qui, chaque fois qu’un même mot se trouve pareillement dans le parler roumain et dans celui d’une nation voisine, s’empressent de soutenir que ce sont les Roumains qui l’ont emprunté aux autres, comme si aux Roumains seuls jamais personne ne pourrait emprunter quoi que ce fût ». 4 V. « Noua revistâ românà » 1900, no. 9, p. 399—409 : « On est loin du temps où l’on mettait au dos des Slaves, des Hongrois, etc., tous les mots qui se trouvaient chez les Roumains aussi bien que dans la langue d’un de ces peuples. Le Roumain n’était jugé bon qu’à emprunter, mais jamais à prêter, il était éternellement débiteur, mais jamais créancier. Aujourd’hui pourtant, devant un mot se trouvant pareillement chez les Roumains et dans la langue d’un autre peuple avec lequel ils seraient venus en contact, le philologue impartial doit se demander : « est-il donné ou pris par les Roumains ? »