414 TR. IONESCU-NIÇCOV 6 En effet, Samuel Micu, dans son ouvrage Istoria scurtà..., rapelle le transfert — du temps de l’empereur Aurélien —- „des roumains de Dacie“ dans ce qu’il nomme la „Dacie nouvelle“ au sud du Danube, mais il ajoute que „les colons, les travailleurs de la terre et tous ceux qui avaient amorcé l’économie, un petit artisanat et d’être maître chez soi, tous ceux-là y demeurèrent“ 1. Il se produit alors, pendant la dernière décennie du XVIII-e siècle, une nouvelle intervention hostile des historiographes allemands. Il s’agit en fait de Johann Christian von Engel qui, dans un ouvrage publié en latin2, reprend la théorie de Sulzer concernant l’abandon de la Dacie nord-danubienne, avec cette différence, il est vrai, que l’immigration des Roumains vers le nord se serait produite déjà au IX-e siècle, autrement dit — nous le remarque ons— avant l’arrivée des Hongrois en Transylvanie. Mais, faisant preuve d’une conception plus vaste et plus précise de l’histoire des populations du centre et du sud-est européen, Engel finit par englober dans un ouvrage de grandes proportions (Geschichte des ungrischen Reichs u. seiner Nebenländer — „Histoire de l’empire magyar et des pays voisins“) : la Serbie, la Bosnie, la Slovénie, la Bulgarie, lTllyrie, la Moldavie, la Valachie, l’Ukraïne et jusqu’aux pays des Causaques ! Ne fût-ce que cette concentration de l’exposé rien qu’autour de l’histoire du peuple magyar et nous pourrions aisément y trouver un indice, dès le début, de la position adoptée par l’historien allemand dans les problèmes litigieux entre les magyars et les peuples du voisinage. En ce qui nous concerne, Engel affirme dès le premier volume qu’Aurélien — se rendant compte de ne plus pouvoir affronter les populations germaniques — a ordonné le transfert, au delà du Danube, des habitants de la Dacie (nord-danubienne), lesquels — dit-il —-, au milieu du Ill-e siècle de notre ère, n’étaient déjà plus ni des Romains, ni des Daces tout purs, mais „ein Gemisch aus beiderlei Geblüt“ 3. Sept ans après, en 1804, Engel reprend le problème dans le I-er volume de son Histoire de la Moldavie et de la Valachie, pour y apporter des suppléments d’informations concernant la coexistence des Bulgares et des Roumains ainsi que le retour des Daco-romains au nord du Danube après l’an 8114. Cette thèse étant formulée de manière tellement tendancieuse, elle n’eut pas d’écho au début du XlX-e siècle, au point que l’historien tchèque Joseph Ladislav Pic pouvait affirmer en 1880 que „Diese von Sulzer und Engel aufgestellte Theorie fand jedoch keine allgemeine Annahme 6“. Mais, quelque temps ensuite, ces thèses reçoivent une riposte bien méritée de la part de Petru Maior. 1 Samuel Micu, Scurtä cunoslinjä a isioriei Romdnilor, Bucarest, 1963, p. 26, et les suiv. 2 Cf. Commenlatio de expeditionibus Trajani ad Danubium et origine Valachorum, Vienne, 1794. 3Joh. Christian v. Engel, Geschichte des alten Pannoniens u. der Bulgarey nebst einer allgemeinen Einleitung in die ungrische u. illyrische Geschichte, I, Halle, 1797, p. 233. 4 Cf. Geschichte der Moldau u. Wallachey nebst der historischen u. statistischen Literatur beyder Länder, Theil I, Halle, 1804, p. 138 — 140 5 Cf. Die Abstammung der Rumänen, Leipzig, 1880. p. 8