17 L’HISTOIRE DES ÉTUDES SLAVES EN ROUMANIE 209 Préoccupé non seulement de rapports réciproques entre les langues slaves, mais aussi de leurs relations avec d’autres langues voisines, Fr. Miklo-sich s’est beaucoup intéressé à la langue roumaine, laissant dans ce domaine des ouvrages d’une valeur remarquable, qui ont constitué une impulsion non seulement dans le domaine de la recherche de l’influence slave en roumain, mais aussi inversement, dans le domaine de l’influence roumaine dans les langues slaves. Ses deux ouvrages fondamentaux dans ce domaine sont : Die slavischen Elemente in Rumunischen, présenté en 1880 à l’Académie des Sciences de Vienne 1, et Über die Wanderungen der Rumunen in den dalmati-nischen Alpen und den Karpaten, publié en 1879, avec quelques annexes de E. Kaluzniacki 2, auxquels il faut ajouter les recherches consacrées aux dialectes roumains et les mentions fréquentes du matériel lexical roumain d’origine slave dans Lexicon palaeoslovenico-graeco-latinum, paru il y a quelque cent ans (Vienne, 1862—1865), et dans Etymologisches Wôrterbuch der slavischen Sprachen (Vienne, 1886). Le premier ouvrage mentionné, comprenant une caractérisation de la langue roumaine (concise mais bien fondée a cette époque-là) et de ses rapports avec les autres langues, en particulier avec les langues slaves, un glossaire étymologique de 1082 mots (comprenant pourtant beaucoup d’unités lexicales roumaines) et une annexe consacrée au dialecte istro-roumain, a constitué pendant des décennies entières la source d’information la plus autorisée sur les mots d’origine slave de la langue roumaine. Evidemment, quelques-unes des solutions étymologiques proposées par Miklosich ont été infirmées ultérieurement, mais le plus important c’était qu’il avait vu «les relations slavo-ruomaines sous une juste lumière»3 et que par ses travaux il avait donné la possibilité aux chercheurs ultérieurs de mener plus loin les investigations 2. «Miklosich a toujours donné raison à ses prédécesseurs et il n’a jamais cherché à augmenter ses mérites personnels — écrivait Ioan Bog-dan, qui lui a rendu visite à Vienne pendant les dernières années de sa vie — . Lorsque j’ai eu l’occasion de lui parler, une fois, de ses mérites dans l’étude de notre langue, il m’a répondu avec sa modestie habituelle : „J’ai fait ce que j’ai pu et avec le matériel que j’avais à la portée ; je suis content que vous ayez commencé à faire plus que moi ; c’est ma seule satisfaction ; voir que d’autres complètent et améliorent mes ouvrages“. J’ai reproduit ces paroles de Miklosich, car elles reflètent l’intérêt et la sympathie que cet 1 Publié dans « Denkschriften der kais. Akademie der Wissenschaften. Phil.-hist. Classe », Bd. XII, Vienne, 1861, p. 1—70, et extrait. 2 Dans « Denkschriften... », XXX, 1879, p. 166. 3 Acad. A. R o s e 11 i, Istoria limbii romane, III. Limbile slave méridionale (sec. VI—XII), 5-ème éd., Bucarest, 1964, p. 10 (de la Préface à la I-ère édition, 1940). 4 Voir aussi l’intéressant compte-rendu publié, peu de temps après l’apparition du livre, par I.I. Sreznevskij, dans «HîBecTHH OPÜC», t. X, II, 1861—1863, coll. 143—151. 14 -1457