3 L’HISTOIRE DES ÉTUDES SLAVES EN ROUMANIE 195 particulières, à partir du Xe, peut-être même de la fin du IXe siècle, donc à peu de distance près de la mission morave des frères Constantin-Cyrille et Méthode (863—885), le slavon y est devenu un instrument de diffusion de la religion chrétienne de rite oriental, se superposant à l’ancien fonds d’origine latine, pour devenir ensuite la langue de notre culture, et, en grande partie, des chancelleries princières l. Outre la préoccupation d’ordre pratique pour l’enseignement de cette langue dans les écoles fonctionnant auprès des couvents et des chancelleries princières dès le XIVe siècle, les lettrés roumains ont témoigné de bonne heure leur intérêt non seulement pour les oeuvres byzantines et slaves à caractère religieux, historique, juridique et littéraire, mais aussi pour les premiers écrits slaves à caractère philologique, qu’ils lisaient et copiaient en manuscrits conservés jusqu’à notre époque et constituant une source précieuse pour la connaissance de la culture slavo-roumaine ancienne, ainsi que pour la philologie slave en général. Ainsi donc, si La Vie de Constantin le Philosophe (variante complète datant de la fin du IXe siècle), qu’on doit considérer aussi comme un ouvrage d’intérêt philologique 2, s’est conservé en un seul manuscrit du XVIe siècle (B.A.R., mss. slave n° 135) 3 sur le territoire de la Roumanie, la variante abrégée du même écrit, intitulée La Vie de Cyrille le Philosophe (datant probablement du XIIIe siècle), a été conservée par trois manuscrits de provenance roumaine, dont le plus ancien, copié le 23 septembre 1439, par le moine Gavriil, fameux calligraphe du monastère de Neamt, est aussi le plus anciennement daté, dans toute la tradition slave 4 (les deux autres manuscrits copiés dans les Pays Roumains sont du XVIe siècle). 1 La riche bibliographie traitant de ce problème ne sera représentée ici que par quelques travaux de synthèse récemment parus, qui fournissent aussi des informations sur les contributions plus anciennes : D. P. Bogdan, Din paleografia slavo-românâ, dans Documente privind istoria României, Introducere, I-er tome, Ed. de l’Acad., Bucarest, 1956, p. 79—168; Idem, Diplomatica slavo-românâ, ibidem, Il-e tome, p. 3—224 ;P. Olteanu , Aux origines de la culture slave dans la Transylvanie du Nord et le Maramureç, Rsl, I, 1958, p. 169—197;. Emile Turdeanu, Les Principautés Roumaines et les Slaves du Sud : Rapports littéraires et religieux (Süd-ost Institut München), München, 1959; Istoria României, Il-e tome,. Éd. de l’Acad., Bucarest, 1962, p. 175—211 ; Istoria literaturii române, I-er tome, Éd. de l’Acad., Bucarest, 1964, p. 26—293 ; P. P. Panaitescu, XapaKmepitbie nepmbi CAaeHHO-pyMbiHCKOü Aumepa-mypbi, Rsl, IX, 1963, p. 267—290 ; I d e m, începuturile fi biruinfa scrisului în limba românâ, Éd. de l’Acad., Bucarest, 1965, p. 13—28 ; G. M i h à i 1 à, KiiuACHOc iafinHCKoe qauhhuc lia pyMbiHcmîi AumepamypHbiü h'jmk, Rsl, IX, 1963, p. 23—41 ; I d e m, Cmapoc iae.uiiCKue uaànucu, omicpbimbie e c. Eacapaôb (oôa. JJoôpyditca), «Revue roumaine de linguistique», IX, 1963, no 2, p. 149—169. 3 Voir, par exemple, I. V. J a g i 6, Paccy.wdenuH lOJicHOCAasxHCKOÜ u pyccKOÜ cma-puHbi o ifepKoaHocAaamtcKOM H3biKe, dans HccAedoeamx no pyccKOMy nibiKy, I-er tome, St. Pb., 1885—1895, p. 289—296 ; Idem, Hcmopun CAaeHHCKoii (fmAOAOlUU, p. 3. Parmi les dernières éditions de la Vie de Constantin le Philosophe et de la Vie de Méthode (dont on n’a pas trouvé jusqu’à présent des copies roumaines), nous citons: A. Teodorov-Balan, KupuA u Memoàu, I—II, Sofia, 1920—1934; T. Lehr-Splawinski, ¿ywoty Konstan-tyna i Metodego, Poznan, 1959, Fr. Grivec — Fr. T o m 5 i d, Constantinus et Methodius Thessalonicenses. Fontes (Radovi Staroslavenskog Instituta, Knjiga 4), Zagreb, 1960. 3 B.A.R. — Bibliothèque de l’Académie de la République Socialiste de Roumanie. Ici et plus loin nous reprenons partiellement les conclusions de notre article intitulé La diffusion-dans les Pays Roumains des écrits sur la vie et l’activité des frères Cyrille et Méthode de Thessa-lonique (sous presse). 4 Publié par B. S. Angelov, III cmapama ôbAzapcKa, pycKa u \cpb6cKa Aumepamypay Sofia, 1958, p. 36—44.