104 L’INFLUENCE ROUMAINE SUR LES LANGUES SLAVES 46 les langues slaves, à l’exception du bulgare et du russe), gâleatâ (sauf le bulgare et le russe), gunâ (dans toutes les langues), laie (sauf le bulgare), mâgurâ (sauf le polonais), mâmâligâ (dans toutes les langues slaves), oachesâ (à l’exception du serbocroate), urdâ (dans toutes les langues). Tous les mots de ce genre dénotent une base commune d’emprunt et la nature similaire des contacts établis entre la population roumaine et les slaves, sur un vaste territoire. D’autre part, les langues slaves du sud, aussi bien que celles du nord connaissent, chacune, une série d’emprunts, beaucoup plus nombreux, effectués aux mêmes mots roumains. Cf. pour le sud: barz (>bg., scr., mac., barz, etc.), canurâ, cret, cusâturâ, fasâ, pâun, sâpun, scurteicâ, sugar ; cf. pour le nord : afina (> ukr., pol., afyna etc., slov. hafira etc., mor. hafera), cetinâ, chiag, colibâ, comarnic, cornutâ, cosar, dumicat (sauf l’ukrainien), gaurâ, grui, jintitâ, meridza, merinde, mîglâ (sauf le slovaque, le morave), pistruie (sauf le slovaque), a pleca, podisor (sauf l’ukrainien et le morave), putinâ, a ridica (sauf l’ukrainien), a rumega, traistâ (sauf le slovaque et le morave), tare, tigaie, vatrâ, vâtui. On observe facilement que, cette fois encore, il s’agit presqu’exclusivement toujours de termes pastoraux. Les rapports de nature historique, culturelle, ethnique, entretenus à différentes périodes d’une durée variable et en des régions géographiques diverses, ont mené les langues slaves voisines à des emprunts qui demeurent isolés chronologiquement et territorialement. On en trouve dans l’ukrainien : anteriu, armas, ar§itâ, azimâ, bade, bâdicâ, bâtâlâu, blînd etc. ; dans le polonais: babac, Banat, eu bani, cuconitâ, doamnâ, domnesc, domnitâ, donitâ etc. ; dans le slovaque : purcea, rîu, a toemi ; dans le serbocroate : abusile, balaur, baie, beregatâ, buzâ, calea-valea, carne, casa, cas, ceapâ, dur, doua, patru, sase, opt etc. ; dans le bulgare : a abona, abonament, ambulantâ, baraboi, bâtut, botâ, butoi, canâ, cartof, câpâtînâ, ciocoi, ciolan, a costa etc. La phonétique. On trouve certains emprunts roumains effectués par les langues slaves qui reflètent des particularités phonétiques, rencontrées par ailleurs aujourd’hui comme des archaïsmes dans quelques parlers daco-roumains. Ces particularités ne peuvent s’expliquer par les lois phonétiques qui gouverne les langues slaves effectuant ces emprunts. Ainsi, ukr. grun, pol. gron, grun (et gruj), slov., tch. grun proviennent du vieux roumain grun (lat. *grunnium), conservé encore aujourd’hui dans le parler du Banat du dacoroumain. La consonne mouillée finale n, représente la continuante de l’ancien n latin, qui se trouve avant le i en hiatus. Ce terme, dont l’emploi est fréquent dans le langage pastoral, fait partie de la série des autres mots dacoroumains d’une origine certaine latine, à traitement phonétique similaire (n + i, e en hiatus) : roum. dial, câlcîn, lit câlcîi (lat. calcaneum) ; cun, cui (cuneum) 1. En tenant compte du fait que l’aire du n, dans le passé du dacorolimai n (du moins jusqu’au XVe s.)2, ne se limitait pas seulement aux fron- 1 Cf. G. C h i t u, Consoana muiatâ é în graiurile limbii romdne, dans « Phonétiqut et dialectologie*, Il-e vol., 1960, Bucarest, p. 131 et pas. 1 Ibidem.